Un livre de 82 pages sur les villes portuaires du Maroc, celui de Melita Vangelatos, m’oblige aujourd’hui à rompre un certain silence. Ecrire sur les villes du Maroc ne saurait qu’être louable, encore faudrait-il disposer d’une documentation suffisante pour ne pas commettre de surprenantes erreurs. Dans ce recueil, on peut lire qu’en 40 AVANT J-C, l’empereur Caligula a été fou de rage en raison de la toge pourpre de Ptolémée, prince du Maroc, envoyé à Lyon par son père, le roi Juba II. En 40 avant J.-C, Caligula n’existait pas, Juba II n’était pas roi de Mauritanie et Ptolémée n’avait, lui aussi, pas entamé son existence terrestre. Il est cependant une certitude dans ce tissu de lacunes historiques : Ptolémée a été tué sur l’ordre de Caligula en 40 APRÈS J-C. Juba II, son père, était déjà mort et Ptolémée, qui était aussi le descendant de la reine Cléopâtre d’Egypte et d’Antoine, le rival malchanceux de l’empereur Auguste, régnait sur la Mauritanie depuis une quinzaine d’années. Certes, c’est bien la toge pourpre que le roi de Mauritanie portait à Lyon, lors de l’invitation de Caligula, qui semble avoir provoqué la mort du roi. Les raisons sont toutefois plus profondes. Ptolémée aurait pu, par ses liens avec Antoine, revendiquer, un jour, le pouvoir de Rome. Il était très proche parent de Caligula qui voulait se donner en Egypte un rôle plus évident. Or, Ptolémée était aussi le descendant des Pharaons et cela lui conférait une indéniable puissance politique et religieuse. Ptolémée était, pour Caligula, un dangereux rival. Voilà certainement la vraie raison de son assassinat. Rome avait décidé l’occupation de toute la Mauritanie. Ptolémée devait donc mourir. J’ai écrit, il y a quelques années, une pièce de théâtre sur cette tragédie. Sans doute, serait-il utile de la ressortir maintenant pour que soit respectée la vérité historique.