Culture

Azilal : Taghorte, un village que la nature isole du monde.

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«L’esprit de l’homme, dit Bernardin de Saint-Pierre, accroît ses forces en proportion des difficultés que lui oppose la nature». Le village de Taghorte se situe dans la Commune d’Aït-Timlil à Azilal. Si, ailleurs dans la région, la nature exhibe ses merveilles à travers les montagnes de l’Atlas, ici, la même nature isole ce village du reste du monde.
Les habitants de Taghorte sont acculés à un mode de vie qui ne peut être générateur que de désespoir, à un rythme de vie, aussi monotone et lent que la mue de ces reptiles qui sillonnent les versants des montagnes. Entourés par les roches basaltiques, les habitants du village vivent dans les bras de l’abandon, qui empire leur situation chaque jour encore plus, surtout à cause de l’isolement, de la neige, du froid, etc.
Ainsi, Taghorte se trouve coupé du monde. Situé sur le chemin reliant la ville de Demnat à celle d’Ouarzazate, Taghorte est un lieu où la nature largue l’être humain au dernier degré de l’effacement. Un lieu visité rarement par quelques touristes, subjugués par une nature qui est malheureusement impitoyable envers ses propres habitants.
Depuis le début de la décennie, les habitants de Taghorte, le sens de la solidarité les motivant, tentent de se frayer le chemin qui les mène, chaque lundi, au souk d’Ifoulou situé à mi-chemin, dans le dessein de s’approvisionner.
Hélas, en période d’hiver, la neige et l’augmentation du débit de l’Oued Tassaout provoquent l’isolement d’un grand nombre de familles, lequel isolement peut durer des mois, ce qui accentue la pauvreté et le besoin de tous, ne trouvant presque plus de quoi se nourrir.
Même le petit pont, d’un mètre de largeur, construit dans ce village pour traverser sur l’autre rive, s’est fissuré et devient inutilisable et dangereux. Lorsque les flocons de neige commencent à tomber, le froid oblige les habitants à se cacher au fond de leur modeste demeure. Si, ailleurs, les routes sont à l’origine d’un grand nombre d’accidents de la circulation, ici à Taghorte, c’est leur inexistence qui est la cause de la tragédie de tous les villages. Une région encore enclavée au 21ème siècle.
L’inexistence des chemins a des répercussions alarmantes sur la vie des habitants. Les élèves des régions vont rarement à l’école à cause du froid et des longues distances les séparant de ces lieux du savoir. Les conditions sanitaires se détériorent. Les habitants transportent leurs malades sur des morceaux de bois ressemblant à des planches avant d’atteindre un chemin ou un sentier muletier. Un malade peut mourir avant d’arriver à une destination inconnue. Pour les gens de Taghorte, le mieux pour un malade ou une femme qui veut accoucher, c’est de rester chez eux au lieu de mourir des effets du froid et du manque de médicaments. Les gens essayent de défier le carcan de la nature impitoyable par leur travail solidaire, ils décident de creuser, de suer, de se déméner et de travailler pour «sculpter» un quelconque chemin dans les roches. Seul objectif, se débarrasser de ces sangles qui les obligent à se morfondre dans le ghetto des oubliettes. Ce sont des gens courageux, hospitaliers et désireux de communiquer avec l’extérieur dans la mesure où c’est le seul moyen pour eux de vivre les «autres».

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