Culture

Barenboïm le magnifique

© D.R

D’habitude les chefs d’orchestre portent un costume noir. Daniel Barenboïm est apparu, au théâtre Mohammed V, entièrement vêtu de blanc. L’un des plus grands chefs d’orchestre dans le monde a fait une entorse aux conventions, en matière de direction d’orchestre, pour souligner la portée symbolique de la soirée. Il est venu à Rabat en messager de paix. Il a dirigé un orchestre, composé de 80 jeunes musiciens choisis parmi les meilleurs en Palestine, en Israël, en Jordanie, en Egypte, en Syrie et au Liban, autant pour dispenser un grand moment musical que pour montrer que des jeunes, issus de pays en conflit, sont capables de produire de l’harmonie. Ils peuvent non seulement vivre ensemble, mais jouer ensemble. Le message est clair, et l’espoir d’une vie meilleure au Proche-Orient a été mis en avant par plusieurs personnes lors de cette soirée. D’abord, par Daniel Barenboïm qui a expliqué que l’idée de l’Orchestre de la Paix est née d’une vision qu’il partage avec l’écrivain et penseur palestinien Edward Saïd. Ce dernier n’a pu se rendre à Rabat, parce que sa santé ne le lui permet pas. Il a été représenté par sa femme, Meryem Saïd. Cette dernière est revenue sur les détails de la rencontre de son mari avec Barenboïm. Elle a aussi rappelé que l’Orchestre de la Paix est soutenu par la Fondation des trois cultures, dont le siège se trouve au pavillon Hassan II à Séville en « Andalousie, symbole de la convivialité entre les trois religions monothéistes ». La portée symbolique de la soirée a été également soulignée par Mohamed Achaâri, ministre de la Culture. Il a rappelé que le Maroc est une terre d’échange et de rencontre. Le Royaume est en effet le premier pays arabe où se produit l’Orchestre de la Paix. « C’est à partir du Maroc que s’allume, ici à Rabat, le clignotant de l’espoir », a déclaré à cet égard le conseiller de SM le Roi, André Azoulay. Plusieurs personnalités ont au demeurant assisté à ce concert pour marquer l’intérêt que le pays accorde à cette paix. Leurs Altesses Royales les Princesses Lalla Salma, Lalla Meryem et Lalla Hasna, ont présidé la soirée. Il y avait également le Premier ministre Driss Jettou, l’ancien Premier ministre Abderrahmane Youssoufi, le porte-parole du Palais Royal Hassan Aourid, le président du gouvernement autonome d’Andalousie, Manuel Chavez, le ministre des Finances, Fatthallah Oualallou, le ministre de la Communication, Nabil Benabdellah, et d’autres personnalités encore. Ils ont assisté sans doute à l’un des meilleurs concerts de musique classique au théâtre Mohammed V. Daniel Barenboïm a montré d’abord la virtuosité de son jeu au piano dans le concert pour trois pianos et orchestre en Fa Majeur (K 242) de Mozart. Deux pianistes, l’un Palestinien et l’autre Israélien, ont accompagné le maestro qui dirigeait l’orchestre tout en jouant. Le public du théâtre Mohammed V se souviendra longtemps de l’image des trois pianistes, se tenant par les mains et les brandissant très haut, à la fin du concert. Après Mozart, Beethoven, l’Orchestre de la Paix n’a pas joué n’importe quelle oeuvre du compositeur allemand ; il s’est attaqué à une symphonie, la troisième, dite l’Héroïque. Nombre de personnes, qui la connaissent dans des interprétations de référence, n’ont pas manqué d’établir des comparaisons. Elles ont été rassurées dès les premiers accords. L’Orchestre de la Paix n’est pas seulement admirable en raison des fins très louables qui président à sa formation, mais également par ce qu’il joue fabuleusement bien. À l’exception de quelques instrumentistes à qui le souffle a manqué pour porter jusqu’au bout les sons d’une clarinette ou d’un hautbois et de quelques petits hiatus relatifs aux enchaînements des mouvements, ce concert a été parfait. Barenboïm l’a attaqué très vigoureusement dès les premières notes. Plus question de message de paix ni de bons sentiments. Tout à la musique, le chef d’orchestre tremblait de tout son corps pour communiquer la puissance de la composition aux jeunes musiciens. Il a été récompensé par une ovation d’une dizaine de minutes. Debout, le public refusait de quitter la salle. Barenboïm a répondu à ses acclamations par une composition gaie. Il a dirigé l’ouverture du « Barbier de Séville », l’opéra de Rossini. À signaler que le théâtre Mohammed V a enregistré une autre première lors de cette soirée. Aucune sonnerie de portable n’a troublé le cours du concert. Pour réussir ce pari impossible, il a fallu, dès l’entrée de salle, arracher aux spectateurs leurs téléphones mobiles.

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