Culture

Beethoven et Korsakov joués au Maroc

© D.R

Il fallait y penser. L’idée consiste à inviter des solistes de renom pour renforcer les prestations des interprètes nationaux. En se frottant aux meilleurs, l’étincelle finira bien par jaillir. Les sceptiques de cette démarche ont été sidérés par l’interprétation de l’Orchestre symphonique de la gendarmerie royale et de 45 choristes du Maroc, lors de la présentation de “Cavalleria Rusticana“, un opéra de Pietro Mascagni. Cinq célèbres chanteurs, venus du Bolchoï de Moscou, ont été invités à cette occasion. Ils ont donné une dimension internationale à l’opéra joué à Rabat. Le théâtre Mohammed V, qui a produit le spectacle, veut refaire le coup. Cette fois-ci avec trois solistes de l’école de Paris. Des instrumentistes et non pas des chanteurs. Le plus connu des trois est le violoniste Paul Rouger. Avec le compositeur Laurent Petitgirard, il est à l’origine de la création de l’Orchestre symphonique français dont il a été le super soliste jusqu’à sa dissolution en 1997. Paul Rouger a enregistré 5 albums, en tant que soliste. La deuxième invitée est violoncelliste. Emilia Baranowska est une concertiste de renom, connue tout particulièrement pour les enregistrements des sonates pour violoncelle et clavier de Jean Sébastien Bach. Le troisième soliste est la pianiste Mireille Faye-Mora. Qualifiée de poète du piano, elle est connue pour sa passion pour Frédéric Chopin. Les trois solistes vont interpréter, en compagnie de l’Orchestre symphonique de la gendarmerie royale, deux oeuvres. La première fait très rarement partie du répertoire des orchestres. Il s’agit du triple concerto pour violon, violoncelle, piano et orchestre (opus 56) de Ludwig Van Beethoven. C’est le moins joué des sept concertos du compositeur allemand. Il date pourtant des années 1803-1804. Il est à cet égard le parfait contemporain de la troisième symphonie, dite “l’héroïque“. Un peu de la fougue de cette symphonie doit bien déteindre sur le concerto. Le choix de ce concerto est audacieux, dans la mesure où il ne flatte pas l’oreille par un air de déjà entendu. La deuxième oeuvre est en revanche très jouée. Elle a servi de musique aux films orientalistes, de fond sonore aux lectures publiques des “Mille et une nuits“, et de nombreuses personnes gardent un air de cette composition dans leur esprit. Qui ne connaît pas “Schéhérazade“ de Nicolaï Rimski- Korsakov ? Et justement, parce que cette suite symphonique est très jouée, l’orchestre de la gendarmerie sera mis à rude épreuve. Les spectateurs pourront comparer son interprétation à celles d’autres formations de renom. “Parce que Schéhérazade est connue, l’orchestre n’a pas droit à l’erreur“, commente Jamaleddine Dkhissi, directeur du Théâtre Mohammed V. À la tête de cet orchestre, Oleg Rechetkine. Jamaleddine Dkhissi est intarissable sur les qualités de ce chef d’orchestre. Il explique qu’il effectue un travail de fond avec les instrumentistes : en plus de la qualité du jeu qu’il développe, il augmente leur culture musicale. Le directeur du théâtre Mohammed V ajoute que ce concert est le deuxième d’un programme annuel qui en comprend quatre. Avec peu de moyens, le Théâtre Mohammed V veut ressembler à un Théâtre digne de ce nom. Il ne veut pas seulement accueillir des activités, mais en produire. Il veut rompre avec la réputation d’un établissement de prestataire de services ou pire : une salle de fêtes. Et en dépit de grandes difficultés financières, il réussit à programmer des concerts. Ne serait-ce que pour cela, il mérite qu’on salue ses initiatives en s’y rendant.

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