ALM : Vous préparez actuellement une rencontre atmosphérique à Casablanca. Quel est l’intérêt de l’organisation d’un tel événement ?
Hassan Bencherif : En effet, avec des collègues marocains résidents à l’étranger, nous profitons des vacances estivales pour co-organiser avec l’Association marocaine des ingénieurs de la météorologie une Rencontre atmosphérique. Il s’agit de la première rencontre de ce genre. Elle offrira un espace de rencontre entre chercheurs, d’éclairage sur les expertises actuelles des chercheurs marocains ou d’origine marocaine et d’échange sur l’actualité de nos activités scientifiques.
Pour que cette Rencontre atmosphérique soit la plus utile possible, nous avons programmé des communications scientifiques avec des contributions des chercheurs locaux et des MRE. Il est en effet nécessaire de mesurer ce qui se fait au Maroc en matière de «Sciences et recherches atmosphériques». De même, il est important de donner un aperçu sur l’expertise que pourraient apporter et mettre à disposition les chercheurs MRE, à travers, entre autres, des actions de coopération scientifique.
Comment devient-on chercheur en physique de l’atmosphère ?
Le parcours type d’un chercheur en Physique de l’atmosphère est un parcours universitaire, qui est relativement long, un Bac +8 au moins. Cela passe par la préparation et la soutenance d’un Doctorat, après avoir validé un Master de recherche. En ce qui me concerne, j’ai effectué mon parcours universitaire en France, après un baccalauréat au Collège royal préparatoire aux techniques aéronautiques de Marrakech. J’ai obtenu une licence et une maîtrise de physique et applications à l’Université d’Orléans et un DEA océanologie, météorologie et environnement à l’Université Pierre et Marie Curie, à Paris.
On a du mal à croire qu’il existe des chercheurs d’origine marocaine pour les sciences de l’atmosphère. C’est assez original pour un pays comme le nôtre …
En effet, je suis un peu comme vous : en dehors des activités du Centre national de recherches météorologiques de la Direction de la météorologie nationale, je n’ai pas d’écho sur la recherche atmosphérique au Maroc. Il est à noter toutefois que l’Ecole Hassania des Travaux Publics à Casablanca et l’Université Mohamed Premier à Oujda proposent des formations supérieures sur la météorologie et la physique de l’atmosphère. La position géographique du Maroc, recouvrant des latitudes moyennes, subtropicales et tropicales, offre des possibilités d’observations atmosphériques variées et originales pour une contribution active et significative à la compréhension des phénomènes physico-chimiques régissant la composition de notre atmosphère et pouvant prendre part aux changements climatiques.
Vous êtes installé à l’étranger comme beaucoup d’autres chercheurs marocains. Comment le Maroc peut-il profiter de vos compétences et de votre riche expérience ?
La question des compétences marocaines ou d’origine marocaine de haut niveau à l’étranger est, pour moi, de première importance. Je la conçois comme une mission prioritaire, un engagement en faveur de l’acquisition et de la transmission du savoir et comme un moteur essentiel au développement national ainsi qu’à la valorisation du potentiel humain. Avec l’aide de collègues MRE, je me suis investi dans la structuration d’un réseau de chercheurs MRE exerçant dans le domaine des sciences et recherches atmosphériques. Ce très jeune réseau compte actuellement une dizaine de membres, dont la quasi-totalité est établie en Europe.
Vous n’avez pas une idée bien définie de projet à réaliser au Maroc, toujours dans le domaine des sciences atmosphériques ?
Les projets qui me tiennent à cœur s’articulent essentiellement autour de la collaboration avec d’autres chercheurs marocains ou d’origine marocaine, et de la transmission/diffusion du savoir auprès des jeunes chercheurs et étudiants qui aspirent à apporter leurs contributions à cette passionnante et complexe machine : notre atmosphère et son action sur le climat.
Comme beaucoup de chercheurs marocains établis à l’étranger, j’ai mis beaucoup de temps et d’énergie pour acquérir un savoir précieux et une expertise reconnue. Ma fonction d’enseignant-chercheur et responsable de recherches dans une université française me donne quotidiennement l’opportunité de transmettre ce savoir et de l’améliorer au fil du temps. Si l’occasion m’est donnée, je serai ravi de partager de nouvelles et passionnantes idées susceptibles de faire émerger des actions de recherche sur l’atmosphère et le climat, et des actions de formation par la recherche dans le paysage de l’enseignement supérieur marocain.
Pour conclure, j’ajouterai que contribuer à promouvoir le Maroc, œuvrer pour son rayonnement scientifique sur la scène internationale, et prendre une part active à son développement humain, est un projet dans lequel je voudrais m’investir dans les années à venir.