Entretien avec Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées du Maroc
Le dahir 1.21.48 du 21 avril 2021 portant exécution de la loi 56.20 relative aux musées vient d’être publié au Bulletin officiel en date du 13 mai. Une occasion pour interroger le président de la Fondation nationale des musées du Maroc (FNM), Mehdi Qotbi, à propos des nouveautés de cette loi. En détail, ce nouveau texte fixe désormais les missions des musées. Il prévoit également la création et l’organisation des musées par des personnes physiques ou morales de droit public ou privé. Mieux encore, cette loi stipule la création de la marque d’excellence « Musée du Maroc ». Dans ce sens, M. Qotbi se veut assez clair et minutieux. Et ce n’est pas tout. Cette loi prévoit également des sanctions de taille à l’égard des contrevenants. Pour rappel, le même BO comprend le dahir 1.21.47 du 21 avril 2021 portant exécution de la loi 55.20 amendant et complétant la loi 01.09 statuant de la création de la FNM.
ALM : La loi 56.20 vient d’être publiée au BO. Quelles sont les nouveautés prévues par cette publication ?
Mehdi Qotbi : La loi 56.20 s’inscrit dans la volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI d’ériger le secteur culturel parmi les vecteurs de développement de la société. Elle est aussi la continuité de la loi 22.80 relative à la conservation des monuments historiques, des sites et des inscriptions des objets d’art et d’antiquités. Il est important de souligner que cette loi est la première du genre sur le continent africain, elle va réglementer le secteur muséographique en appelant les établissements muséaux à se conformer aux normes internationales en vigueur. L’expérience marocaine dans le domaine des musées est saluée dans le monde, il y a une reconnaissance du travail accompli par le Royaume pour le rayonnement de notre culture et de notre patrimoine. Nous poursuivons nos efforts à travers cette loi pour faire davantage évoluer le secteur et placer le Maroc sur la scène artistique méditerranéenne et européenne en œuvrant à la fois à la protection des biens culturels et la lutte contre les trafics illicites d’œuvres d’art.
Le même texte prévoit également la création de la marque d’excellence «Musée du Maroc». Comment votre Fondation envisage-t-elle de procéder dans ce sens ?
Par cette loi, la FNM va mettre à contribution son savoir-faire et son expertise en soutenant et accompagnant les structures publiques et privées pour se conformer aux normes muséales ou créer un musée. Les espaces dits «musées» auront 3 ans pour se mettre à niveau. Une fois attribué, le label sera soumis à un renouvellement au bout de quatre ans, période au terme de laquelle un point sera fait sur la situation du musée et sur la pertinence des collections présentées.
La FNM créera notamment un registre national des musées du Maroc qui dotera chaque établissement d’un numéro et d’une description détaillée de sa thématique et de ses collections.
Certains établissements culturels et musées nationaux au Maroc sont des exemples concrets de respect des normes internationales, leur travail est à saluer car ils apportent au paysage culturel marocain des expériences muséales de qualité.
Jusqu’à quelle mesure cette loi «sauvera» les musées qui regorgent de raretés et dont les propriétaires décèdent tout en laissant un patrimoine exceptionnel ?
Les Marocains font preuve d’une immense générosité aujourd’hui, puisque maintenant les donations commencent à être faites pour les musées. Nous espérons que cette loi et celles à venir vont pouvoir inciter les gens à partager ce patrimoine avec tous les Marocains.