Culture

Bouchta El Hayani ou la mue des signes

Il existe au moins deux périodes dans la peinture de Bouchta El Hayani. La première se caractérise par une palette où prédominent le noir, le blanc et le gris. La peinture y remplit toute la surface de la toile, crée une impression de jaillissement et de foisonnement si mouvementés qu’elle ne tolère aucun foyer pour reposer l’oeil.
C’est une peinture de la rage, une peinture très peu faite pour séduire l’oeil du spectateur.
La deuxième période de Bouchta El Hayani se distingue par l’introduction de signes et de figures. Au demeurant, le peintre y dévoile sa grande maîtrise du dessin. Bouchta El Hayani a renouvelé sa peinture après un long séjour à Paris en 1998. Manquant d’argent, il ne pouvait pas acheter de la toile. Paris est une ville où tout porte à la peinture, et El Hayani ne pouvait y réfréner son désir de peindre. Il a récupéré à l’IMA une énorme pile de papiers qui menaçaient de finir dans quelque dépotoir. Ces papiers étaient remplis de phrases dactylographiées. À défaut d’une toile, Bouchta El Hayani s’est déchaîné sur ces papiers. En vrai plasticien, il a accepté l’aventure du hasard et a exploité toutes les voies que lui découvraient certains mots des textes administratifs. Il a encadré quelques-uns et souligné d’autres. Les caractères de l’alphabet deviennent un constituant de la peinture de Bouchta El Hayani. Est-ce de cette époque que date son intérêt pour la peinture du signe ? Il n’est pas défendu d’envisager cette hypothèse.
L’intérêt de Bouchta El Hayani pour les signes est dans ce sens très important, parce qu’il ne lui vient pas du patrimoine, comme cela est vrai pour nombre de nos peintres, mais de la rencontre entre l’écriture et la peinture. Entre la main qui écrit et celle qui peint ou dessine existe une parenté du geste qui remonte à des temps anciens dans l’histoire de l’homme. Elle remonte à une époque où peinture et écriture n’étaient pas encore distinctes. En orientant sa peinture vers le signe, El Hayani semble vouloir recréer la fusion d’antan.
Si bien que l’on ne sait plus si les signes qu’il peint sont là pour évoquer une suite de caractères appartenant à l’écriture ou pour les muer en figures plastiques.

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