Culture

Boulane provocateur et espiègle

«On se rencontre, on s’aime, la vie est belle, on a un enfant… Les problèmes commencent, continuent… On n’est plus d’accord… On se sépare. Le rêve devient cauchemar avec comme toile de fond la garde des enfants… Et couple mixte impose, les enfants suivent la mère à l’étranger. C’est la guerre. Trop de paternité à la femme, pas assez de maternité à l’homme…». C’est ainsi que le réalisateur résume son film qui en est à sa 3ème écriture, une version qui semble être définitive car satisfaisante pour son auteur. La phase de production devrait suivre assez rapidement. Le scénario final sera déposé au fond d’aide pour le cinéma marocain. Un souci néanmoins s’ajoute car le réalisateur qui envisage de tourner son film en Europe doit pour cela obtenir un soutien de la francophonie.
Si l’on devait qualifier l’oeuvre passée du cinéaste A. Boulane, elle serait à son image : affranchie et espiègle avec une profonde austérité et souvent autobiographique. Retour sur le long parcours du cinéaste dans le milieu semé d’embûches du cinéma marocain.
Ahmed est né à Salé, en 1956. Très vite, il s’aperçoit que les études ne veulent pas de lui. Plusieurs fois renvoyé de l’école, il s’accroche pourtant et dans la rue, à l’époque des hippies, il apprend l’anglais l’italien et le français. A 17 ans, il est comédien professionnel dans la Troupe Nationale de la RTM et du Théâtre Mohamed V. Globe- trotter dans l’âme, il s’envole dès qu’il peut pour l’Europe pour des études cinématographiques encore momentanément suspendues…
Puis il revient au Maroc, et y exerce tous les métiers du cinéma, d’assistant réalisateur à directeur de casting en passant devant et derrière la caméra. Sa polyvalence le fait participer à de nombreux films et lui fait côtoyer des réalisateurs prestigieux nationaux et internationaux. Mais Ahmed c’est aussi « Voyage dans le passé », un court-métrage très primé et c’est surtout «Ali, Rabia et les autres», 1er long-métrage et dernière consécration du réalisateur, diffusé sur 2M la semaine passée. Côté chiffres, le film a coûté 300 millions de cts et a bénéficié d’un soutien du fonds d’aide cinématographique de 206 millions de cts. M. Benkirane, distributeur exclusif de la Warner Bros., exploitant de salles aurait remis à l’artiste un chèque de 15000 dhs. « L’équivalent d’une semaine de travail avec les étrangers, avec hôtel 5 étoiles… », rétorque A. Boulane. Et puis il a encore plein de choses à dire sur la controverse suscitée par «Ali…». Un film qui a été enlevé des salles dès la première semaine de diffusion. Un film vendu à la 2ème chaîne que le réalisateur a dû censurer de lui même, (prime time impose !) pour le «respect d’un public qui est encore fragile et susceptible», nous confie-t-il. «J’ai coupé 2 baisers, un sein…
A croire que chez nous, on fait l’amour dans le noir, en pyjama et sans s’embrasser !», poursuit-il. En tout cas, malgré les clichés et le scénario jugés pauvres par certains, A. Boulane nous offre un tableau acerbe mais toujours sensible d’une génération «engagée» à la «belle» époque de l’insouciance où l’on ne jurait que par la paix de l’âme, le shit et l’amour.

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