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Brahim El Mazned s’exprime à propos de l’artiste défunt : «Feu Ahmed Baddouj a réussi à faire sortir le cinéma de la folklorisation»

© D.R

«Les expressions régionales n’arrivent pas à avoir l’impact qu’elles méritent dans les médias. Cela demande une reconnaissance qui passe par la médiatisation et les projets. L’expression plurielle dans notre pays devrait avoir une place dans les médias ainsi que les festivals. C’est cette pluralité qui fait notre richesse».

La Covid-19 était plus forte que lui. L’artiste Ahmed Baddouj a succombé au virus samedi à l’âge de 70 ans. «Hélas, cette Covid nous prend des figures artistiques immenses. C’est très douloureux !», exalte Brahim El Mazned, acteur culturel aux multiples casquettes, dans un échange téléphonique avec ALM à propos du défunt. Et ce n’est pas tout ! Pour M. El Mazned, le décès de cet artiste est «une perte immense pour le cinéma marocain et amazigh. Il a beaucoup apporté au septième art national en général et amazigh en particulier».

Comme le précise notre interlocuteur, l’artiste était comédien expérimenté sur les planches et les grands écrans à la fois. «Il était d’une grande exigence dans les rôles qu’il interprétait et les projets qu’il accompagnait. Il a même réussi à faire sortir le cinéma de la folklorisation via des projets solides. C’est quelque chose d’assez particulier chez Baddouj qui est resté à Agadir et a également marqué les générations ancienne et actuelle», confie notre orateur. Le tout en rappelant que le défunt avait envie de faire énormément de projets aussi. Quant à la renommée de M. Baddouj, de son vivant, l’acteur culturel indique : «Hélas, les cultures régionales sont peu valorisées dans les médias». Par l’occasion, il évoque la dynamique amazighe cinématographique, depuis les années 80, qui s’est enrichie avec plusieurs productions et des moyens limités.

«Les expressions régionales n’arrivent pas à avoir l’impact qu’elles méritent dans les médias. Cela demande une reconnaissance qui passe par la médiatisation et les projets. L’expression plurielle dans notre pays devrait avoir une place dans les médias ainsi que les festivals. C’est cette pluralité qui fait notre richesse», avance l’interlocuteur.
Pour rappel, l’artiste, né en 1950 à Mesguina dans le village de Ifrkhs, a été à la fois un acteur, réalisateur, scénariste et homme de théâtre. Le défunt débute sa carrière au théâtre (en langue arabe) en 1978, puis intègre la première troupe théâtrale amazighe «Tifawin» (lumières) fondée en 1985 par Lahoucine Bouizgaren.
Il écrit de nombreux scénarios et de nombreuses pièces de théâtre dont la plus connue “Tagodi” (Le chagrin), une des premières pièces jouées par la troupe Tifawin dans les années 1980, et qui sera adaptée en 1995 en vidéo par Ahmed Baddouj.
En 1992, il incarne le rôle d’Idder dans le premier film amazigh «Tamghart N’ourgh» (La femme en or) de Lahoucine Bouizgaren.
Sous la direction d’un autre pionnier du cinéma amazigh, Mohamed Mernich, il réalise plusieurs films, dont «Asnnane n Tayri» avec l’actrice Zahia Zahiri et dans lequel il tient également un rôle, «Argaz igan Argaz», une comédie avec Abderhmane Ait Elhafed (Agzoum), puis le film «Arfoufen», une production de Mzouda Vision avec Mohamed Benhammou.
Avec Warda Vision, la société de production de Larbi Altit devenue Warda Production, il tourne «Tiyiti N’wadan», un drame en deux parties, dans lequel on le retrouve aux côtés de Ahmed Nassih et Abdellatif Atif, deux acteurs issus de la troupe de théâtre «Tifawin».
Plus récemment, il apparaît au petit écran dans la série de télévision «Tigmi Mkourn», une sitcom réalisée par Abdelaziz Oussaih et produite par Warda Production aux côtés d’autres acteurs de renom tels que Lahoucine Bardaouz, Abdellatif Atif et Mbark El Aattach. Un parcours qui méritait d’être connu.

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