Cannes : Un réalisateur soulagé de ne pas avoir reçu de prix

Il était même "de très bonne humeur", a confié sa productrice Vibeke Windeloev au quotidien Jyllands-Posten de lundi. "Nicole Kidman (l’héroïne du film) et moi-même étions terriblement nerveuses de sa réaction. Mais lorsque nous avions parlé avec lui, il était de très bonne humeur, et a réagi en constatant que nous devons nous attaquer maintenant au prochain film (Manderlay, également avec Nicole Kidman), et en déclarant qu’il était vraiment prêt, qu’il avait réellement envie de le faire", a indiqué la productrice de la compagnie danoise Zentropa. "Le pire aurait été qu’il reçoive un prix de consolation", selon la productrice, qui a jugé la décision du jury présidé par Patrice Chéreau d’injuste, mais non inattendue. 
Avec un autre jury, "Dogville" –  dénoncé par certains critiques américains comme une charge contre les Etats-Unis –  aurait été le gagnant d’office, mais avec les tensions politiques actuelles entre la France et les Etats-Unis (sur le conflit irakien), le jury de cette année a pensé politique, et voulait aplanir cette controverse, selon elle. Lars von Trier, Palme d’or il y a trois ans pour "Dancer In The Dark" a emprunté une porte dérobée dimanche soir, pour quitter Cannes dans son camping-car, directement pour le Danemark. Il était "heureux d’être sorti du chaudron de sorcières de Cannes. Il m’a dit maintenant «je sais que c’est juste, ce que je fais». Mais c’était si provocateur qu’ils (les membres du jury) ne voulaient pas le primer", a déclaré Mme Windeloev à Politiken, un autre quotidien danois.
Le directeur de la maison de production Zentropa, Peter Aalbeck Jensen, a partagé le même point de vue en qualifiant le choix du lauréat américain du cru de Cannes 2003 ("Elephant", de Gus Van Sant) de "politiquement correct", car "Dogville était un choix trop controversé".  La presse danoise était dans son ensemble étonnée de voir "Dogville" qui méritait, selon elle, la récompense suprême, écarté par le jury, qui ne voulait pas "jeter de l’huile sur le feu" dans les relations franco-américaines en primant un film considéré comme anti-américain.