Culture

Carnet de voyage : Méditerranée : les vagues de la paix (19)

© D.R

Un grand danger guettait Athènes, entre autres villes historiques de Hellas. En plus de l’avancée galopante de la culture MacDo au beau milieu de ce pays de grande civilisation, il y eut également ces grands et multiples travaux d’aménagement dont il fut l’objet en cet été 2003. Lors de notre traversée de Vathy vers Athènes, nous avons trouvé que le sol de ce pays, sous lequel devaient « dormir » encore plusieurs sites historiques, était transformé en grand chantier. « La Grèce se prépare à accueillir les Jeux olympiques 2004 », explique un voyagiste.
Des ponts, reliant les îles ioniennes, avaient été jetés ; des autoroutes desservant les principales villes de Hellas devaient être agrandies ; des hôtels devaient être édifiés, en prévision de la ruée de plusieurs milliers de supporters étrangers attendus dans les villes où devaient se dérouler les Jeux olympiques ; des stades de football, de natation, de sports équestres, de cyclisme, de tir à l’arc, d’escrime, de boxe, d’athlétisme et autres édifices devaient être, construits ou agrandis. La Grèce semblait avoir déballé ses tripes, pour les étaler devant les yeux des visiteurs.
Cette opération grandeur nature n’avait pas manqué de susciter l’inquiétude, notamment au sein des archéologues qui craignaient que les travaux de forage n’aient porté préjudice aux trésors historiques qui gisaient encore sous le sol. La rapidité avec laquelle ces travaux devaient s’effectuer, sachant que l’échéance 2004 des Jeux olympiques était imminente, en avait rajouté à l’inquiétude des archéologues. Les Hellénistes, ou de simples visiteurs étrangers, étaient également concernés. Mais que fallait-il faire face à la détermination des autorités d’Athènes qui voulaient assurer le succès des Jeux olympiques, fût-ce au prix de l’histoire de leur pays ?
Changement de décor. Le 23 juillet, nous profitâmes de notre séjour à Athènes pour prendre contact avec quelques représentants de la communauté marocaine résidant en Grèce. Point de repère pour nos émigrés, Hicham El Koudia, notre guide, nous l’indiqua facilement.  «C’est le fameux café de Casablanca», fit-il. Nous y voilà. A 19 heures, ce café, propriété d’un jeune immigré marocain en Grèce, grouillait déjà de foules. « Après une journée de travail, c’est ici que les immigrés se donnent rendez-vous », nous dit la serveuse. Pour les nostalgiques du thé à la menthe, c’était là-bas qu’ils pouvaient s’en servir.
En dehors de cette boisson fort prisée, nos immigrés mettent également sur leur table leurs démêlés avec un quotidien difficile. A part les travaux saisonniers, ou le tourisme, -activités qui prospèrent en été-, la plupart de nos ressortissants sont contraints de se tourner les pouces tout au long de l’année. La situation est encore beaucoup plus compliquée pour les sans-papiers. Profitant de l’absence de visa pour la Turquie, l’anti-chambre de la Grèce, de la perméabilité des frontières entre ce pays et son voisin, surtout pendant l’hiver, des dizaines de Marocains affluent clandestinement vers Hellas. Si ces clandestins arrivent à trahir l’attention de la police des frontières, ils ont fort à faire avec les flics en plein centre d’Athènes. Là-bas, d’anciens immigrés font preuve de solidarité.
Trop souvent, ils offrent à leurs compatriotes le gîte et la nourriture. Quoi qu’il en soit, « les sans-papiers n’auront jamais la stabilité souhaitée, sachant que la procédure de régularisation de la situation des immigrés est très lente en Grèce », martèle l’un des vieux ressortissants. Et ce n’est pas tout… Contrairement à d’autres pays de l’espace Shengen, la Grèce serait la plus ferme sur la question de l’immigration. D’où le calvaire de nos immigrés dans ce pays. « J’habite à Athènes depuis vingt ans, je dois à chaque fois faire des pieds et des mains pour décrocher un loyer, à fortiori une propriété », reconnaît-il. Si à cela devraient se conjuguer des actes de racisme perpétrés par quelques Grecs, la situation de nos immigrés devient à l’évidence insupportable. « La vie dans mon pays serait plus clémente », admit un ressortissant, avant d’asséner : «Cela fait 12 ans que je suis en Grèce, c’est à peine si j’arrive à joindre mes deux bouts. Pour ma famille restée au Maroc, cela fait un bail que je ne lui ai pas envoyé un seul sou». Pis que pis, un autre ressortissant ne demande plus qu’à rentrer chez lui, il n’a, figurez-vous, même pas les moyens de se payer un billet de retour.
C’est sur cette note sombre que s’acheva ma discussion avec mes compatriotes immigrés en Grèce. Le lendemain, à la première heure, je pris l’avion pour Casablanca, après une escale à Milano. 

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