L’initiative émane de l’artiste-peintre Mohamed Sarhani
Il n’est pas fréquent de voir les murs d’un quartier populaire meublés de fresques. Cependant, les façades du quartier Al Baladia à Derb Soltane dans la ville de Casablanca sont désormais garnies d’œuvres artistiques. L’initiative émane de l’artiste-peintre Mohamed Sarhani qui a la belle idée de mobiliser, en premier lieu, les enfants de ce quartier autour de lui pour embellir les ruelles de celui-ci. Une action qui suscite également l’intérêt des habitants et ceux d’autres quartiers. L’artiste instigateur en dévoile les dessous.
Peindre les murs pour ne plus voir de saleté
A travers cette initiative, Mohamed Sarhani, installé entre le Maroc et l’Europe où il vit depuis 30 ans, veut faire glisser les murs de ce quartier dans une nouvelle peau. «Je trouve les mêmes façades et la même saleté quand je rentre au Maroc», précise-t-il. Son action émane également d’une «affinité» de nostalgie avec ce quartier, c’est pourquoi il en embellit les murs. En fait, la maison de son père s’y trouve. C’est là qu’il retrouve ses souvenirs d’enfance. Il est ainsi idéal de mobiliser des enfants autour de lui pour embellir ces murs. «Il est impossible de demander aux habitants de repeindre leurs façades. Pour les motiver à changer les couleurs de ces murs, j’ai pris la peinture et leurs enfants pour leur proposer de le faire», raconte-t-il.
Et il en était ainsi. «Quand nous avons fait la peinture au premier mur, le propriétaire de la maison était content», enchaîne Mohamed Sarhani. Vu cet état d’esprit, l’idée devient, par la suite, plaisante à d’autres habitants adultes du quartier qui prennent de leur propre chef la même initiative. «Ce sont maintenant les gens qui achètent le matériel pour faire des fresques murales», explicite-t-il. Chose qui fait sa fierté. «Pour moi, c’est un défi de faire peindre les murs noirs d’un quartier oublié depuis environ 40 ans. D’autant plus que la peinture des murs ne coûte pas cher», avance-t-il. Et ce n’est pas tout ! Cette action fait des émules dans d’autres quartiers avoisinants qui souhaitent à leur tour embellir les murs de leurs quartiers et permet à l’artiste-peintre de dénicher des talents dans ce quartier.
Un festival pour révéler des graines d’artistes
Selon Mohamed Sarhani, les enfants du quartier ont tellement soif de couleur. C’est pourquoi il veut révéler leurs talents comme il échange avec eux à propos d’autres artistes à l’instar de Chaïbia. «Ces enfants ont la fibre artistique», estime l’initiateur. Cette démarche lui donne l’idée de «créer un festival de la couleur à Derb Soltane pour découvrir des enfants qui ont de la passion». Pour ce faire, il caresse l’espoir de disposer d’un sponsoring pour étendre également cette expérience à d’autres villes. «Nous n’avons besoin que de pinceaux et de peinture», précise-t-il. Mohamed Sarhani, également membre de l’Atelier ouvert à Rabat, dit devoir une fière chandelle aux habitants du quartier casablancais pour leur mobilisation malgré leurs moyens modestes. Il espère que d’autres artistes-peintres lui emboîtent le pas.
Regards d’autres artistes
Comme le précise l’artiste-peintre, Ahmed El Azizi, ami de Mohamed Sarhani et membre de l’Atelier ouvert, l’initiative est spontanée. «A leur tour, les autorités locales sont intéressées par la démarche de l’artiste et se sont enquises du besoin des moyens à déployer», indique Ahmed El Azizi. L’apport de cet artiste consiste en le traçage de deux fresques au profit des gamins du quartier Al Baladia.
A propos de celui-ci, cet artiste-peintre rappelle que cet endroit, dont les habitants sont devenus enthousiastes de par cette initiative, a une mémoire culturelle. «C’est là que le fameux film «Hellaq derb elfoukara» (Coiffeur du quartier des pauvres) a été tourné», poursuit-il. Selon cet artiste-peintre, les écoles de ce quartier sont pour leur part intéressées par embellir leurs murs. De quoi créer un nouvel espace exquis pour les enfants !