Culture

Ces peintres qui exposent dans la rue

© D.R

L’ancienne ville d’Assilah se transforme, en été, en une galerie à ciel ouvert. Avec ses galeries et ses peintures murales réalisées dans le cadre du Moussem de la ville, la médina est considérée comme un lieu d’exposition pour des peintres et portraitistes, non ou peu connus. Comme c’est le cas de Mostapfa Bakhat, qui expose ses peintures dans l’un des anciens et beaux quartiers, situés au-dessus des remparts et donnant sur la mer. Cet originaire de la commune rurale Sad Oued El Makhazine, près de la ville de Ksar El Kébir, a pris l’habitude de venir chaque été, et depuis 2005 à Assilah. Ayant découvert depuis son enfance sa passion pour le dessin, «je ne me rappelle plus quand j’ai appris à dessiner. Je suis né avec le don en dessin. Je dessinais alors petit enfant tout ce que je voyais», dit Mostapfa Bakhat.
Ce dernier ajoute qu’il était à l’époque très content de voir souvent ses dessins, qu’il envoyait à une émission télévisée pour enfants, diffuser pendant les années 70 sur la première chaîne. « J’ai même participé à l’époque à une exposition collective d’enfants organisée par les responsables de cette émission télévisée. Ce qui n’a pas plu à mon père, qui m’a défendu de m’inscrire à l’Institut des beaux-arts. Il m’a contraint d’arrêter de dessiner. Je n’ai pas pu réussir dans mes études. Et quand j’ai visité pour la première fois la médina d’Assilah, j’en suis devenu amoureux et j’ai senti renaître en moi ma passion pour la peinture», révèle Mostapfa Bakhat, avant de poursuivre : «Je voulais renouer avec ma passion. J’ai commencé à présenter mes tableaux dans le même endroit, où j’expose toujours».
Ayant fait preuve de ses talents en tant que peintre et portraitiste amateur, Mostapfa Bakhat expose chaque jour une partie des ses tableaux au public. Il réalise des portraits à 150 DH chacun. Ses toiles dont la grande partie décrit les paysages et les architectures marocains typiques, sont vendus à un prix modique. Mais, il dit se sentir heureux lorsque des passants s’arrêtent pour contempler ses tableaux en lui disant un mot d’encouragement ou d’admiration pour son style ou le thème qu’il traite à travers ses œuvres. «Cela m’encourage à développer ma passion à travers la lecture des livres sur l’art contemporain», confie Mostapfa Bakhat.
Ce dernier poursuit qu’il est devenu optimiste depuis son premier séjour à Assilah. «Je voue un grand amour à cette belle ville touristique. Car les peintures murales que je voyais sur les murs de l’ancienne médina ont ravivé en moi ma passion pour la peinture et j’ai alors décidé d’en faire mon métier. Cela m’a aidé à surmonter le problème du chômage et de dépression dont je souffrais et de me redonner le goût à la vie», affirme Mostapfa Bakhat. Outre Assilah, ce dernier se dit avoir l’habitude d’exposer ses peintures et proposer ses services de portraitiste dans d’autres villes touristiques dont Marrakech. Mais il se dit aimer la ville blanche en particulier grâce à son charme et sa beauté mais aussi par la gentillesse, la convivialité et la simplicité des Zaïlachis. «C’est la ville, où je compte un grand nombre d’amis. Je me suis aussi lié d’amitié avec des artistes étrangers qui m’apportent souvent des livres sur l’art chaque fois qu’ils reviennent d’un voyage dans leurs pays respectifs. Je suis aussi bien respecté par les responsables de la ville. A titre d’exemple, le président de la municipalité Mohamed Benaïssa, qui habite les environs, ne peut pas passer devant moi sans me saluer», affirme Mostapfa Bakhat. Non loin du quartier où expose ce dernier, se trouve la place Sidi Abdallah Guennoun, située au pied de la célèbre Tour Al Kamra et choisie par une autre jeune fille pour exposer ses peintures. Il s’agit de Karima El Jouadi, originaire de Ksar El Kébir qui est devenue au fil des années un visage familier des habitants de la ville. Originaire de Ksar El Kébir, cette jeune femme de 33 ans a réussi à défier son handicap et à peindre avec ses pieds. «Je suis venue en 2002 à Assilah pour participer à l’atelier de peinture programmé dans le cadre du Moussem culturel d’Assilah. J’en suis tombée amoureuse, je suis venue pendant l’été d’après avant de décider de m’y installer définitivement et d’exposer mes peintures dans la rue», raconte Karima El Jouadi.
Passionnée de peinture, cette dernière ne peut arrêter de peindre et d’exposer ses peintures au public. Comme un grand nombre de jeunes peintres amateurs, Karima rêve toujours d’exposer dans une galerie. «Mais je trouve que mon exposition en plein air me permet de communiquer avec le public et de connaître son avis sur mes peintures», affirme-t-elle.
Cette jeune artiste se dit gagner sa vie grâce à la vente de ses tableaux. « Mais après la mort en 2007 de ma mère, je trouve des difficultés à trouver une accompagnatrice. Je suis disposée à lui payer un salaire mensuel en contre partie de ses services. Et j’appelle ainsi les responsables à travers votre publication à soutenir les handicapés et les aider à résoudre ce genre de problèmes», dit-elle. Bien qu’ils n’aient jamais eu l’occasion d’exposer dans une galerie, Mostapfa Bakhat et Karima El Jouadi s’estiment heureux de compter parmi leurs publics des Zaïlachis et des visiteurs d’Assilah dont les artistes habitués de la ville. Ils sont décidés de continuer à peindre et exposer dans le joli cadre de l’ancienne médina et aux rythmes des sons des vagues de la plage.

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