Un poème, une composition musicale ou une chanson qui glorifie la grandeur d’une nation et la popularité des hommes, ont de tout temps fédéré les peuples autour d’idéaux partagés une fois leur pays menacé par une quelconque force déstabilisatrice. Ils ont aussi joué le rôle de catalyseur nationaliste et support de convictions partagées pour clamer les valeurs que représente l’attachement à une nation. Au Maroc, comme partout au monde, la chanson patriotique a exalté haut et fort la spécificité locale et a assumé un rôle déterminant pour l’indépendance du pays ou pour la récupération de nos provinces sahariennes. En somme, une chanson patriotique glorifie les prouesses d’un peuple attentionné et fier de ce qu’il représente comme entité plurielle raccordée sur des principes partagés. C’est ce que vient de rappeler le nouveau remix réalisé par Chab Douzi avec l’éternelle «Laâyoune inaya» de Jil Jilala. Vendredi dernier, lors d’un gala musical sur une grande place publique archicomble, Chab Douzi, Moulay Tahar Chrif et Abdelkrim El Kasbiji de Jil Jilala ont ravivé de mille éclats la fibre patriotique d’une jeunesse qui s’est reconnue dans une chanson qui a plus de 35 ans. Le secret est sans ambages. «Toutes les chansons qui vont du cœur au cœur sans intérêt quelconque et qui parlent d’amour pour son pays résistent à tous les aléas du temps. Elles sont transmises de génération en génération avec à chaque fois un plus de dose affective», déclare Samir Belgaid (22 ans). Un autre spectateur : Fouad Hamdani, un jeune âgé de 18 ans ajoute que «nous manquons de ce type de chansons qui nous attachent plus à notre patrie et qui nous rappellent la prouesse des aïeux. C’est un créneau artistique à ne pas négliger». Au fait, fredonner «Laâyoune Inaya» c’est reprendre un tube référence pour la chanson marocaine. C’est revivre un tournant décisif dans l’évolution de la chanson marocaine. Les chansons de la Massira sont ancrées dans nos mémoires car elles ont insufflé une importante dose émotionnelle aux idéaux se rapportant à l’amour de la patrie. C’était une nouvelle approche avec sa part de densité artistique et humaine à fibre sociale engendrée par l’engagement de tout un peuple pour récupérer sa terre spoliée. La fierté d’être marocain allait prendre forme dans ce flux sincère d’hommes et de femmes convaincus brandissant à la fois le Coran, le drapeau national et le portrait de l’initiateur de la Marche Verte. Sur les circonstances de la genèse de cette chanson ainsi que l’audience qu’elle avait auprès des milliers de marcheurs, à l’instar de l’inimitable «Nidae Al Hassan» d’Abdallah Issami, Moulay Taher de Jil Jilala rapporte que «des coïncidences inouïes ont joué un rôle déterminant dans la genèse de cette chanson. C’est que le groupe travaillait sur cette chanson avant que SM le Roi feu Hassan II eut appelé à la Marche Verte. Cela nous a enorgueillis. Le vers «Laâyoune Inaya et Sakya alhamra liya» qui est le point de départ et le refrain leitmotiv était prêt. Il nous a fallu un travail d’une nuit : de 21h jusqu’à 4h du matin pour que la chanson soit achevée. Tout venait tout seul : les vers, les airs avec une entente parfaite des six personnes qui constituaient notre groupe». . Quant à Chab Douzi qui a remixé cette chanson et qui est en tournée internationale pour la promouvoir, il a expliqué à ALM qu’en tant que chanteur Chab, qui a puisé ses chansons dans d’autres genres musicaux, il n’a pas hésité à reprendre cette chanson à saveur nostalgique. «Je dois avouer que je n’ai pas eu la chance de vivre l’événement de la Marche Verte car je suis né après. Et en tant que chanteur qui recourt à plusieurs genres musicaux, j’avais besoin d’une chanson ancrée dans l’histoire de mon pays pour que je puisse me prémunir contre toutes les formes d’acculturation». Et d’ajouter «Laâyoune Inaya est une référence pour tout jeune expatrié ou résidant chez lui. D’autant plus que depuis belle lurette je voulais chanter mon pays le Maroc et ma ville natale Oujda. Dans tous mes albums il y a une chanson tirée du patrimoine marocain mais je voulais surtout glorifier ma patrie». La prédisposition de Jil Jilala à interpréter ensemble cette chanson l’a encouragé à tenter les enregistrements adéquats en studio spécialisé à Bruxelles. Chose qu’Abdelkrim et Moulay Taher de Jil Jilala ont apprécié. «Jil Jilala représente pour moi un exemple à suivre. Le but est de fusionner les attentes actuelles des jeunes avec ce qui faisait la fierté des jeunes de 1975. Et pour le faire j’avais besoin d’une chanson et d’un groupe représentatifs d’idéaux convoités. Laâyoune Inaya est la concrétisation parfaite de mes aspirations», ajoute Hafid Douzi qui précise que partout où il va, en Europe, en Amérique ou ailleurs, on lui demande une chanson marocaine. « Laâyoune Inaya » est en phase de devenir le tube de cet été grâce notamment à ce que Douzi a apporté comme timbre de voix et style moderne avec une touche jeune et vivace. Le temps de la chanson a aussi été revu à la baisse de huit minutes à quatre minutes. Le recours à de nouveaux instruments et une meilleure qualité d’enregistrement ont facilité le remix. Il est à signaler que le clip de ladite chanson sera réalisé en juin au Sahara marocain. «On est maintenant en phase finale du scénario et plusieurs vedettes sportives et artistiques seront avec nous à l’instar de Salah Eddine Bassir, Hatem Ammor. C’est une marche artistique qui se veut une copie musicale d’un événement historique».