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Chez la galerie casablancaise Mine d’art : Laila Benhalima et Khadija El Fahli exposent leurs «Réminiscences féminines»

© D.R

En mars, la créativité autour de la femme foisonne. Les artistes-peintres marocaines, Laila Benhalima et Khadija El Fahli, en font preuve. Elles donneront à voir leurs œuvres, du 6 au 30 du mois courant dans la galerie casablancaise Mine d’art, le temps d’une exposition intitulée «Réminiscences féminines».


A elle seule, Khadija El Fahli crée, selon Lahsen Bougdal, professeur enseignant, chercheur et auteur, des œuvres à son image. «Chez elle, la peinture est une terre de re-naissance; un lieu où elle se retrouve pour mettre au monde ce qu’elle a de plus précieux; son humanité», précise le professeur à propos de Mme El Fahli. Pour lui, l’’artiste, autodidacte, n’est pas pour autant prisonnière de maladresses qui seraient le pendant d’un apprentissage inaccompli. «Bien au contraire, elle a pu, à force de perfectionnement, développer une technique qui lui appartient», ajoute-t-il à l’adresse de l’artiste-peintre. Au sens de l’auteur, cette maîtrise permet à la créatrice de laisser libre cours à son instinct pour livrer au regardeur une œuvre spontanée que certains qualifient de naïve.

«Telle une orfèvre, elle structure minutieusement ses toiles par une superposition de portes et de fenêtres qui laissent apparaître cette idée d’ouverture et de mystère à laquelle tient autant l’artiste», exalte-t-il. Pour ce faire, elle fait appel, comme il le précise, à des symboles et des signes appartenant au patrimoine marocain traditionnel pour les redéployer dans une nouvelle configuration tournée vers d’autres possibles. «La clé, très présente dans ses toiles, se donne à voir comme un leitmotiv qui met en scène ce message que l’artiste cherche à distiller dans ses créations», détaille-t-il.
Quant à Laila Benhalima, son art exprime, selon la philosophe de l’art et critique Laila Belhaj, «tout son MOI désincarné». Ses toiles où bestiaire et entités surnaturelles apparaissent au gré de son pinceau deviennent, comme l’indique la critique, «un instrument au service de ses entités qui s’expriment à travers elle». «Bestiaire bienfaisant, entités cornues aux regards vifs», enchaîne la philosophe. Aussi, les entités dansantes sur fond pastel, véritable myriade de couleurs apaisantes ou des êtres venus d’ailleurs se meuvent et «nous regardent». «Pattes de bouc, pattes de vache, pattes de cheval ou de chèvre, visages angéliques perdus dans un labyrinthe que la vie a tissé comme une toile d’araignée mais pour piéger qui, ces êtres et ces animaux parfois comme à bout de force, à genoux?», s’interroge la critique.

Pour Mme Belhaj, les toiles de l’artiste sont autant de questionnements, d’énigmes à résoudre, de regards bestiaires où le regard transperce notre côté mystique et nous invite à passer de l’autre côté du miroir dans une autre dimension non angoissante, non violente, une dimension pastelle, où les couleurs fauves et pastels emplissent l’atmosphère d’ondes positives et d’espoir. «Face à face de chiens géants, de poissons, l’onirisme et le rêve nous happent mais nous réconfortent, nous enveloppent et nous replongent dans notre enfance où l’imaginaire est encore possible, où nous pouvons rêver de poissons et de bêtes cohabitant avec l’humain en toute osmose sans limites et toujours évanescents», s’exprime la critique.

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