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Chikha vs Cheikh, un «faux débat» sans «bases multidirectionnelles»

© D.R

Un chercheur livre son regard sur la polémique autour de «Lmaktoub»

La polémique suscitée par le personnage de «Chikha», interprété par l’actrice Dounia Boutazout dans la série ramadanesque «Lmaktoub» diffusée sur 2M et Cheikh Yassine El Amri attire également l’attention des chercheurs. Entre autres, Aboulkacem Chebri estime que cette controverse est un «faux débat». Celui-ci étant, pour lui, «drapé de peu, pour ne pas dire de trop d’ignorance».
Pire encore ! «L’extrémisme et l’obscurantisme gagnent les deux clans, malheureusement», avance-t-il en allusion aux alliés et aux opposants à l’œuvre. Mieux encore, cet analyste, également auteur, trouve qu’aucun des deux clans «ne prend la question sur des bases objectives, multidirectionnelles, avec une approche littéraire, historique, sociologique et politique».

A son sens, le cheikh comme la chikha ont «leurs qualités et vices ; ils ont tous les deux un rôle dans la société». Au Maroc, les deux font, tel qu’il l’explicite, partie intégrante de notre identité, culture et patrimoine, ainsi que notre avenir. «Je trouve qu’il nous est impossible de vivre sans cheikh et chikha. L’art et la religion ne sont absolument incompatibles que dans les esprits des extrémistes qu’ils soient religieux ou modernistes», avance M. Chebri.
A propos du rôle de l’intellectuel dans de tels débats, le chercheur indique qu’il consiste, pour le premier, de faire «un recul de manière à rendre les deux parties au service de la société tout en révélant les points de force et de faiblesse chez les deux». Dans ce sens, cette société, à travers l’histoire, a, pour l’écrivain, «besoin de satisfactions spirituelle et culturelle». «Les sécurités spirituelle et culturelle sont au cœur de la paix sociale», enchaîne le chercheur. Par l’occasion, il estime, en outre, que cette situation n’est pas l’apanage du Maroc et des pays islamiques mais aussi des sociétés laïques. «Chaque société a sa spiritualité et sa «nutrition» culturelle», ajoute-t-il en appelant à valoriser toute œuvre ou tout phénomène contribuant à l’équilibre sociologique de l’individu et de la communauté.

De même, il ne manque pas de livrer son regard sur les avis des cheikhs à l’égard de l’art tout en s’inspirant de ses publications. Dans son livre «La religion en politique et société, entre dogmatisme des précurseurs et détournements par les suiveurs», cet auteur réserve une rubrique à «l’athéisme des artistes pour dissuader la créativité et l’évolution». Il y indique que certains «fqihs sont subitement devenus passionnés pour l’art et la créativité, avant même que le public prenne connaissance d’une œuvre, afin de finir par qualifier tel ou tel artiste d’athée».

Pour l’écrivain, ces attaques par les fqihs à l’égard d’artistes se veulent de «faire peur au peuple». «Les hommes de religion extrémistes prennent les créateurs pour un vrai ennemi. C’est pour cela qu’ils tentent de les priver de leur symbolique sociale pour ne pas être un exemple pour la société, notamment les jeunes», détaille l’analyste qui s’exprime également sur le mutisme à l’égard des vices des fqihs qui profitent du peuple au nom de la religion.

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