Connue par son univers profondément féminin, Safaa Erruas revient avec une nouvelle exposition intitulée «Choses apparentes», prévue du 28 avril au 29 mai à la galerie d’art L’Atelier 21 de Casablanca. Il faut dire que Safaa Erruas a développé un langage unique, salué par de nombreux commentateurs internationaux. Elle crée un univers blanc qui signifie pour elle la transparence, la fragilité et l’absence. Son travail, à la fois délicat et puissant, se caractérise par la conjonction de matériaux qu’elle utilise avec aisance : tissus, perles, soies, aiguilles, gazes, ou autres lames de rasoir sont tous manipulés sur un espace vierge et étalé sur une blancheur loquace. À travers cette nouvelle exposition, l’artiste a introduit un nouveau élément : le verre. «De ce matériau évoquant «le cassé, le détruit», l’artiste se sert pour figurer un espace de la fragmentation où la vie le dispute à la mort.
Et de cet espace morcelé, en ruines, «de nouvelles vies jaillissent», prennent forme parmi les lambeaux de papier et les bris de verre savamment amalgamés. Prennent vie et forme dans l’absence. Car il faut lire dans les blancs et les vides, les trouées opérées dans les «Restos» d’une architecture délabrée», atteste dans ce sens l’écrivaine Bouthaina Azami. Les nouvelles œuvres de Safaa Erruas jouent plus que jamais sur la fragmentation et la transparence, «une transparence exagérée qui se fait visible, crée de nouvelles formes, convoque la vue et l’esprit», explique l’artiste. Délaissant aiguilles et lames de rasoir, l’artiste a en effet choisi, dans cette série de «Choses apparentes», de privilégier le verre qui vient se mêler, dans un somptueux douloureux corps-à-corps, à l’étal harcelé du papier blanc. Un travail de patience. «Un véritable défi». Lauréate de l’Institut des beaux-arts de Tétouan, Safaa Erruas est aujourd’hui considérée comme l’une des grandes figures de l’art contemporain au Maroc. Elle a participé à plusieurs expositions personnelles et collectives en Europe, en Asie et aux Etats-Unis.