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Benabdellah El Joundi : «J’ai fait en 2012 Assafar El Mabrouk qui n’est pas encore sortie»

© D.R

Entretien avec Benabdellah El Joundi, acteur marocain

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Il est impossible de ne pas aborder Benabdellah El Joundi une fois aperçu par hasard dans une artère à Rabat. Dès l’échange de salutations, il accepte de nous donner rendez-vous pour un entretien. Une occasion pour lui poser des questions à propos de ses nouveautés, ses éclipses involontaires et ses œuvres inédites.

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ALM: Lors de notre rencontre, vous nous avez appris que vous étiez en plein tournage. Pourriez-vous nous en parler?
Benabdellah El Joundi : C’est une comédie sociale télévisée réalisée par Abdellah Ferkous et écrite par Abdelmajid El Mahdoubi. Dans cette œuvre intitulée «Lhemza» (Une occasion d’or) et tournée à Marrakech, je joue le rôle d’un vieil homme qui a eu une énorme allocation d’assurance après un accident. Dès que son entourage apprend cette nouvelle, il essaie de l’amadouer hypocritement pour en profiter…

Qu’en est-il de la valeur ajoutée de ce personnage pour votre longue carrière?
En fait, je n’ai jamais interprété un tel rôle. Généralement, je joue des rôles comiques et des personnages violents. Je n’ai jamais joué le rôle du vieux. C’est donc une première. En tout cas, je dois convaincre le public en me glissant dans la peau de ce personnage composé parce que les téléspectateurs, qui s’y retrouveront, sont à la quête de plaisir.

Au-delà de cette participation, il vous arrive, tout comme d’autres artistes vétérans, de vous éclipser. Quels en sont les motifs?
Ils sont plusieurs. D’abord, il y a une nouvelle vague de jeunes qui font une équipe et travaillent ensemble. Comme vous dites, des vétérans subissent le même sort. C’est, de plus, une stratégie de la direction de la télévision que nous ne comprenons pas et qui se contente des jeunes. Nous ne sommes pas contre cette démarche puisque ceux-ci sont, à leur tour, en droit de travailler. De notre époque, nous portions des messages sérieux et vertueux. Nous avions même honte de jouer certains rôles, bien que nous ayons grand besoin d’argent. De nos jours, quand je rencontre des personnes, elles m’apprennent que ce que nous faisions n’a rien à voir avec les futilités, voire les nudités que l’on voit actuellement. Par contre, l’art est loin de tout cela. C’est un domaine d’éducation d’orientation, et de critiques. Il ne faut pas lui coller une étiquette inappropriée. Pour l’heure, nous sommes prêts à travailler avec n’importe quel jeune. Il serait bon de faire participer des vétérans dans une œuvre faite par des jeunes pour les soutenir.

Puisque vous parlez des œuvres. Que pensez-vous de celles émises en Ramadan qui approche à grands pas?
Déjà, c’est une erreur de ne travailler qu’en Ramadan. L’art doit exister sur tous les mois de l’année. Ce n’est pas à la veille du Ramadan qu’il faut se précipiter pour faire des œuvres parce que les audiences atteignent un pic lors du mois sacré. L’administration de la télévision a l’impression que les œuvres sont plus vues en Ramadan. Cela veut dire que le budget est dépensé en ce mois sacré. Il est vrai qu’il y a des œuvres mais il y a une confusion parce que l’une est diffusée après l’autre sans prendre du plaisir à voir une seule œuvre en bonne et due forme. Un feuilleton historique ou une série traitant de questions arabes seraient plutôt une bonne idée. Pire encore, certains ne voient pas ces œuvres qui sont rediffusées après le Ramadan. De plus, il est possible de tourner une œuvre après le mois sacré pour qu’il y ait une continuité. Bref, nous n’avons pas de stratégie pour ce domaine.

Quel serait donc le regard que vous portez sur la scène artistique?
Je constate qu’il y a une marginalisation de tout ce qui est intellectuel. D’autant plus que l’importance n’est pas accordée à la loi relative aux artistes. Il est vrai qu’il y a des initiatives privées mais il n’y a pas de vraie protection ou de droit. Il est vrai aussi qu’avec certaines institutions, comme le BMDA, cela se passe bien. Aussi le syndicat a fait des efforts pour cette carte de l’artiste, la mutuelle en a fourni à son tour, mais c’est lent. En outre, le syndicat n’a pas de position claire, voire d’interlocuteur direct. On ne sait pas avec qui on travaille. Nous n’avons pas de tutelle pour nous orienter. En cette désorganisation, on tombe dans la nullité. Par le passé, nous écrivions une œuvre que nous soumettions directement à l’administration de la télévision qui soumettait à un comité de lecture dont l’approbation était suivie d’un tournage. Pour l’heure, j’ai entre autres une œuvre déposée chez la télévision, admise par le comité de lecture mais je n’ai pas d’interlocuteur pour en parler.

Pourriez-vous nous en donner des exemples?
J’ai déposé une série appelée «Assafar El Mabrouk» (Le voyage béni). C’est une œuvre pleine de suspense, plaisir, chant et décors. Elle fait même la promotion du Maroc. J’y raconte l’histoire de deux familles qui croient en une rumeur véhiculée autour d’un voisin de quartier devenu un saint dans une montagne à Tinghir. Il est assez fréquenté par plusieurs individus pour que sa baraka exauce leurs vœux. La 1ère famille apprend la nouvelle à sa voisine. Alors les deux se sont mises d’accord pour visiter le saint. Lors de leur voyage, des surprises surviennent et elles changent leur comportement qui devient haineux l’une pour l’autre. De son côté, le téléspectateur sort de chez lui, de son salon, sa cuisine pour contempler la nature et son pays puisque les faits se déroulent à Fès, Meknès, Agadir et Marrakech entre autres. A Tinghir, il s’avère que le fameux saint n’existe pas. Ainsi, les familles ont perdu leur temps et argent pour rien. Ce que le comité de lecture a apprécié, c’est le fait que leurs vœux ont été miraculeusement exaucés par des circonstances de voyage. De plus, je suis déjà payé pour l’écriture de cette œuvre que j’ai faite en 2012. Mais il faut qu’elle sorte au public. Mon grand désir c’est que mes œuvres sortent. Outre cette œuvre, j’avais soumis d’autres comme producteur exécutif. Aujourd’hui, cela a changé. L’œuvre est soumise à une société de production qui s’en charge et consulte la direction de la télé. J’ai également écrit trois pièces de théâtre. Aussi, j’ai consacré une vingtaine d’œuvres à la radio nationale. Pour l’heure, la série «Daret Eddoura» est diffusée sur les ondes.

Et cela fait combien de temps que vous ne vous êtes pas affiché dans une œuvre?
Depuis 2012, ma dernière série c’était Ahlam Nassim et la sitcom «Machaf Mara» dans lesquelles j’ai eu des apparitions. C’est pour ça que j’ai écrit «Le voyage béni» . Auparavant j’avais au moins 3 œuvres par an. Une télévisée, une pièce de théâtre et une autre œuvre en Ramadan.

Un dernier mot?
Il faut trouver une solution pour l’art. C’est un sujet qui n’est même pas abordé au Parlement. Nous avons frappé à plusieurs portes et nous recevons des promesses mais en vain. Pour ma part, je préfère travailler et voir ce que j’ai fait parce que même le public nous sollicite. Je ne demande pas la charité. Mon désir c’est de montrer mon art.

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