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Cinéma : Mon chien (pas si) Stupide

© D.R

«Il était un chien, pas un homme, un simple animal qui en temps voulu deviendrait mon ami, emplirait mon esprit de fierté, de drôleries et d’absurdités».

Cette citation de John Fante, l’auteur étasunien dont l’oeuvre éponyme inspire le film, est au fond un bon synopsis du film. «Mon chien Stupide» raconte avant tout la rencontre inopportune entre Henri (Yvan Attal), un quinquagénaire désabusé, et d’un chien, un mâtin napolitain (Mastino Napoletano). Monstre digne de celui des Baskerville, le chien baptisé «Stupide» offre une bouffée d’air hilarant à un pessimiste dépressif. En plus d’être obsédé, Stupide bave et détruit tout sur son passage, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Pourtant, s’il en impose avec ce corps massif, il sait aussi venger le dernier chien d’Henry qui avait été tué par le bas rouge du voisin. La confrontation canine est à la fois violente et hilarante. Stupide sait aussi accompagné son maître dans l’écriture et simplement être là, dans un paysage teinté de nostalgie.

Quatre moins quatre

Cela pourrait s’arrêter là : la complicité entre le meilleur ami de l’homme et notre héros, un auteur solitaire. Seulement, Fantes comme Attal en profitent pour dépeindre au vitriol la famille et la société. Bercé de cynisme et d’une certaine mauvaise foi, Henry considère que ses enfants et les tracas du quotidien l’ont éloigné progressivement de son talent. Le chien sera un bon prétexte pour chasser ses quatre enfants un par un. D’abord, ce sera sa fille Pauline (Adèle Wismes). Hugues (Oscar Copp), son beau-fils, un grand militaire sûr de lui, est humilié dès les premières scènes par le chien, qui lui monte dessus et saccage sa veste en cuir comme son jean. Pour ses trois fils, ce sera plus long mais inévitable. Henri reproche à Raphaël (Ben Attal) d’être embourbé dans une vie d’adolescent entre porno et fumettes. La confrontation avec Hugues (Panayotis Pascot, oui l’animateur) était sous-jacente et ancienne. Henri ne sait pas dialoguer avec ce fils épris uniquement de surf et qui rejette, dans un relent allergique, toute forme de littérature. Noé (Pablo Venzal), le dernier fils, est l’enfant prodigue, touchant, cultivé, sensible et qui prend le parti de son père pour garder Stupide à la maison. Son départ est une sorte de sérendipité, un accident comme la vie sait en produire. Venzal comme Pascot et Ben Attal sont de bons seconds rôles, touchants de sincérité.

Sublime Gainsbourg

Tous les enfants sont partis et Henri s’en réjouit un peu en pensant à son inspiration qui revient entre deux orages. Sauf que, dans le tourbillon de sa vie, sa femme finira, aussi, par partir. Cécile, la femme de sa vie, est lassée des complaintes de son époux et n’arrive plus à faire une médiation toute maternelle entre lui et leurs enfants. Au bout d’un moment, le vin blanc et les antidépresseurs ne sont plus des béquilles suffisantes. Elle aussi s’interroge sur le sens de sa vie et réalise qu’elle a tout sacrifier pour une famille qui se délite, à la vitesse de la lumière, juste pour un énorme chien. Si elle cède devant son mari pour Stupide, elle en vient à réaliser que son âge et son parcours, ne l’empêchent pas de séduire, de vivre. Elle quitte Henri pour le premier homme qui prendra soin de la regarder, de l’écouter et de lui sourire. Ce sera le professeur Mazard (Eric Ruff) mais cela aurait pu être un autre. Comme pour Ma femme est une actrice et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, Attal met son épouse en scène et cela fonctionne bien. Élégante, vive et drôle, Cécile est magnifiquement incarnée par Charlotte Gainsbourg, qui rayonne à l’écran. La scène de complicité du couple, autour d’un joint dans le salon, est un très beau portrait du couple, partagé entre l’affection et la nostalgie. 

Des longueurs finalement acceptables

La seconde partie du film où le chien s’éloigne et le maître compose est parfois un peu longue. Les paysages magnifiques de la côte basque et sa lumière inspirante ne suffisent pas. Et puis cette fin en happy end est un peu trop disneylandesque pour une oeuvre qui, au départ, dénonce le politiquement correct et le mode de vie étasunien des années 60. Une adaptation, par essence, focalise toujours les mécontentements par rapport à l’oeuvre originale. Cécile répondrait sans doute par ces mots de Musset : «Viens sur mon cœur, que le tien le sente battre». Stupide? Pas tant que cela.

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