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Entretien avec Lila Avilés, réalisatrice mexicaine : «Je n’aime pas les équipes célèbres»

© D.R

La cinéaste a présenté son film « La camarista » (La femme de chambre) dans le cadre de la compétition officielle du 17ème Festival international du film de Marrakech (FIFM) qui se tient jusqu’au 8 décembre. Au lendemain de cette projection, elle se livre au jeu des questions-réponses. Lors de l’échange avec cette réalisatrice, il s’avère qu’elle est pleine de vigueur. Chose qu’elle exprime artistiquement dans son film.

ALM : Qu’est-ce que cela vous fait de participer au FIFM ?

Lila Avilés : Je suis assez contente d’y être. C’est formidable que Marrakech ressemble assez à Mexico en termes de gens, gastronomie, lumières et humanité. Je trouve que Marrakech a aussi la même complexité que Mexico. Je me sens bien dans ce festival qui est assez beau. Cette année avec la présence de stars comme Guillermo Del Toro, Martin Scorsese et bien d’autres, c’est plaisant. J’apprécie aussi le fait de ramener de nouveaux réalisateurs ainsi que le caractère chic du festival. L’équipe du festival prend bien soin des artistes. C’est comme on dit chez nous au Mexique «Apapache» qui veut dire caresser un bébé. Donc, je ne peux que m’en réjouir.

Dans votre film, le spectateur découvre une femme de chambre qui, tantôt rejette la société, tantôt s’y intègre. Pourquoi un tel contraste ?

Je viens du théâtre. Depuis longtemps, je voulais tellement devenir réalisatrice parce que je n’ai pas reçu de formation dans une école de cinéma. J’étais obsédée par les films. Un de ces jours, j’ai vu le livre « L’hôtel » de la photographe française, Sophie Calle, qui parle d’une dame de chambre dans un hôtel à Venise. Elle a pris des photos de tous les déchets des clients. J’en ai même fait une pièce de théâtre à ce propos. J’étais curieuse et je le suis toujours. Mais je voulais faire cela dans un vrai hôtel. Quand j’y étais il y a 8 ans, je voulais montrer cette histoire aux vraies dames de chambre. Alors j’ai sympathisé avec elles. Dès lors, je voulais faire un film. Par l’occasion, j’aime les documentaires ainsi que les gens. J’aime aussi parler. Alors je suivais les dames de chambre. J’ai eu avec certaines des relations étroites. Aussi l’hôtel m’a donné la chance d’y accéder. L’an dernier, je me suis dit qu’il était temps de faire le film. Quand j’écrivais et comme j’ai beaucoup d’histoires. Au Mexique, les histoires portent sur la terre. Mais il y a aussi un autre côté des gens qui sont beaux et bosseurs, voire amusants et adorent leur famille. C’est ça aussi l’histoire de mon film. Quand j’étais emballée par le personnage principal, je voulais la suivre, la voir pendant tout le film. J’avais un écran. Lorsque j’ai commencé le film l’an dernier et j’ai eu l’argent surtout quand l’hôtel m’a donné la chance d’y accéder, je n’avais que 70 jours pour tourner le film. J’ai jeté l’écran parce que je voulais laisser les choses aller. Cela a cependant augmenté les frais. Pour accomplir la postproduction nous, avions pas l’argent pour finaliser le film mais nous avons eu la chance de terminer avec une offre de postproduction.

Plusieurs femmes mexicaines préfèrent partir dans d’autres pays pour finir comme femmes de chambre. Votre film laisse voir un personnage qui reste au Mexique et qui a ces problèmes. Comment expliquez-vous cela ?

L’hôtel a une verticalité complexe. C’est simple mais complexe à la fois. Pour moi, ce qui est amusant dans le film c’est qu’il y a trop de langues mexicaines, quand nous traduisons le film vers un autre idiome, d’autres Mexicains me disent qu’ils n’ont pas compris. C’est amusant. Dans mon film, la beauté est aussi différente. Cette beauté est la saleté. Pour ma part, je pense que le film est assez universel. Il a été dans 18 festivals depuis la première à Toronto. A mon sens, un hôtel est comme une ville. Les gens viennent de par le monde.

Pourriez-vous nous parler du cinéma mexicain ? Comment évolue-t-il ?

Il existe beaucoup de bon cinéma au Mexique. Notre ancien cinéma a une manière de raconter. Il est riche quand il traite de la terre, des traditions, des gens et de la situation complexe du pays. Certains  artistes montrent la violence d’autres préfèrent des sujets différents. Je pense que notre société a quelque chose à prendre de nos jours.

Pourquoi les stars mexicaines sont-elles plus révélées en séries qu’en films ?   

Je vais vous donner l’exemple de mon film où les gens sont réels. Certains ne sont pas acteurs. D’autres viennent du théâtre. Le personnage principal «Eva», la dame de chambre, a participé à des films mais c’était des rôles secondaires. C’était important pour moi parce que je n’aime pas les équipes célèbres. Peut-être que je travaillerai avec une star mais j’aime les humains et l’humanité. C’est cette connexion que je veux.

Qu’avez-vous pensé du cinéma marocain pendant le festival ?

J’ai rencontré certains artistes marocains parce que nous étions ensemble dans un dîner, j’étais connectée avec eux et je les ai appréciés. Je pense qu’il existe un lien entre Mexico et Marrakech. Je viens d’un autre mode de tourner les films. Cela dépend de l’histoire et comment elle se développe. Par contre, j’aimerais bien faire des coproductions avec le Maroc. J’aimerais bien aussi revenir. J’adore cette belle nature, j’aimerais bien découvrir les paysages ici. Vous avez les montagnes et le désert. Vous avez également des traditions, c’est normal qu’il y ait des choses à raconter.

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