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John Skoog : «J’ai essayé de décrire la relation entre les gens, la terre, les machines et les animaux»

© D.R

Entretien avec John Skoog, réalisateur suédois

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John Skoog a présenté son film «Ridge» (Sommet) dimanche et mardi au Musée Yves Saint Laurent, lors du 18ème Festival international du film de Marrakech (FIFM) qui se tient jusqu’au 7 décembre. Il nous explique, après la projection, les dessous de son film susceptible d’être qualifié d’énigmatique puisque le synopsis laisse voir que c’est un documentaire. Après projection, il s’avère qu’il ne l’est pas bien que les scènes laissent voir des paysages et soient rythmées par le bruit de … machines agricoles.

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ALM : Qu’est-ce cela vous fait que votre film «Ridge» (Sommet) soit programmé au Musée Yves Saint Laurent lors du FIFM ?

John Skoog : Cela compte énormément pour moi. Je suis très honoré d’être là. C’est très beau de voir mon film projeté au musée Yves Saint-Laurent. Il est vrai que cela peut être choquant et étrange à la fois de voir des machines de fermes suédoises dans un tel endroit, mais c’est fantastique d’y être. Par l’occasion, j’ai déjà été à Marrakech, il y a environ une dizaine d’années, pendant un mois. Je m’y suis rendu en tant qu’étudiant. Il fait bon y revenir.

A la lecture du synopsis, l’on a l’impression que votre film serait un documentaire. Le spectateur finit par découvrir une fiction autour d’agriculteurs. Pourriez-vous nous expliquer cela ?

C’est un film fait en tant que fiction qui s’approche de la réalité. Ce n’est pas un documentaire bien qu’il ait été projeté dans des festivals du film documentaire. Il est vrai que les équipements agricoles qui y figurent peuvent donner l’impression que le film relève de ce genre cinématographique. Mais tous les thèmes du film relèvent de la fiction.

Souvent, les scènes de la nature sont accompagnées de musique douce et calme. Pourquoi avoir choisi des sons techno et électroniques pour de telles séquences de votre film ?

A vrai dire, c’est une longue histoire. Mais il y a plusieurs raisons. D’abord, les gens qui conduisent les tracteurs écoutent cette musique. C’est en fait un style, créé par un producteur italien, qui est lent et violent à la fois. D’autant plus qu’il rythme le film. Si le choix se porte sur une musique classique, cela serait un cliché de mauvais goût. Donc le choix des sons électro permet de créer, entre le son et les images du film, une meilleure tension qui est importante pour moi à l’instar de celle entre la fiction et le documentaire, un personnage et un paysage. De plus, j’adore cette musique qui, d’autant plus, peut inciter à se poser la question sur la raison de voir ce film étrange.

Pourriez-vous nous donner une idée du lieu où vous avez tourné la nature impressionnante du film ?

Au sud de la Suède, dont je suis issu, précisément dans une région près du Danemark où il y a un seul «Ridge» (Sommet). Il en est question dans le film dont les faits se déroulent au-dessous de ce «Ridge» que je ne montre qu’à la fin du film.

Donc, la finalité de votre œuvre est de montrer la nature de la région ou de monter une fiction autour d’agriculteurs et leur mode de vivre ?

J’ai en fait essayé de décrire la relation entre les gens, la terre, les machines et les animaux. Si l’on ôte un de ces éléments, tout sera faux. Rien ne peut survivre sans l’autre. A voir le film, certains peuvent se souvenir de leur enfance ou penser à l’industrialisation de l’agriculture. Le spectateur peut penser à plusieurs choses à la fois. C’est un film ouvert à plusieurs interprétations et sentiments du public.

Dans l’intrigue, il n’y a qu’une femme parmi les agriculteurs. Mais elle ne parle qu’à la fin du film. Pourquoi un tel personnage ?

Déjà, elle s’affiche dans le début du film à bord d’un bateau. Elle est en fait comme un spectateur qui regarde tout sans rien dire. Ce n’est qu’à la fin qu’elle dit : «reste calme et tais-toi !». En fait, c’est comme si le spectateur regardait le film avec elle.

Et si vous faisiez une promotion à votre film au Maroc où les gens sont attachés à la terre ?

C’est un film difficile à promouvoir. Pour l’heure, nous l’avons fait uniquement pour le festival parce que le Maroc est loin pour moi. Mais on ne sait jamais.

Que pourriez-vous nous dire du cinéma suédois ?

Je ne suis pas le mieux placé pour répondre à cette question puisque je ne vis pas en Suède. Je pense qu’il souffre des mêmes problèmes comme un peu partout dans le monde. Il y a un institut suédois qui finance les films. C’est une structure qui veut avoir de l’audience et concurrencer d’autres cinémas, notamment celui américain avec lequel il est difficile d’entrer en compétition. Donc il serait mieux, pour l’institut, de donner de l’argent aux films pour concourir dans des festivals parce que quand on est petit, on ne combat pas un grand. Il faut plutôt combattre avec son cerveau.

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