Un film de près de 45 minutes dénonce la recrudescence du phénomène parmi les jeunes
«L’oiseau blessé» du journaliste et réalisateur Rida Tadlaoui constitue un témoignage poignant de Thami, un Zaïlachi addict à l’héroïne. Ce film-documentaire de près de 45 minutes dénonce la recrudescence de la toxicomanie à Asilah, où l’oisiveté et le chômage font des ravages parmi les jeunes. Issu de la ville blanche, le jeune Rida Tadlaoui a profité de son métier de journaliste pour y réaliser un travail de terrain. Il a pu réussir dans le choix de la musique de «L’oiseau blessé», qui devient parfois beaucoup plus expressive selon les séquences de ce film. Rida Tadlaoui y a fait de même appel à la contribution du rappeur Amir Lwafi, lui-même d’origine zaïlachie. Le public sera certenement impressionné par les messages lancés par ce jeune rappeur aux responsables, tout en les appelant à être au chevet des jeunes désœuvrés à Asilah. Ces derniers sont souvent considérés comme des laissés-pour-compte, qui, selon Amir Lwafi, s’enfoncent facilement dans le bourbier de la drogue.
Le jeune Rida Tadlaoui a jeté son dévolu sur l’ancienne ville pour le tournage de la grande partie de son dernier film-documentaire. Car la médina fait partie des points noirs d’Asilah, en raison de sa fréquentation par les dealers et les usagers de la drogue.
Muni de sa caméra, Rida Tadlaoui essaye d’approcher les jeunes toxicomanes de très près pour faire découvrir au public leurs souffrances dans une ville, qui sombre presque à la longueur de l’année dans la léthargie. Il cherche, à travers ce film, à les aider à sortir de leur déception et leur désespérance de se faire un jour totalement soigner de leur addiction. Comme c’est le cas de Thami, celui-ci témoigne qu’il se sent depuis longtemps dépendant de l’héroïne. Il affirme dans son témoignage avoir goûté pour la première fois, il y a plus d’une quinzaine d’années, à la drogue avec ses amis, qui étaient, tous comme lui, encore à l’âge d’adolescence. Il dit être conscient de la gravité de l’héroïne pour sa santé, qui est en détérioration constante. D’autant plus que vu sa cherté, ce type de drogue se vend mélangé par d’autres produits dont Thami ignore les vraies origines. Il poursuit que c’est pour cette raison que l’héroïne n’est pas vendue à sa juste valeur. Il raconte, au cours de son témoignage, faire des petits boulots, comme vendeur à la sauvette des articles d’artisanat aux touristes, et ce pour se procurer ses doses de la journée. Et à l’instar des centaines d’autres toxicomanes à Asilah, Thami ne cache pas sa déception quant au traitement pour son addiction qu’il juge très difficile d’accès.
Car pour se faire soigner de son héroïnomanie, il lui faut, selon ses dires, avoir les moyens, pour se déplacer à Tanger pour être suivi dans l’un des deux centres d’addictologie de la ville. Et ce après une longue attente allant de l’étude du dossier du patient au début de traitement par substitution à la méthadone, qui se fait sur plusieurs phases. Il a ainsi appelé, à travers son témoignage, les responsables à l’ouverture d’un centre d’addictologie dans la ville blanche. Sans oublier de prévenir les jeunes des dangers de la drogue aussi bien physiquement que psychiquement.