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Salah Eddine Benmoussa : «J’ai sacrifié ma fonction en tant qu’enseignant de langue française pour l’art»

© D.R

Entretien avec Salah Eddine Benmoussa, acteur et metteur en scène

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Il est impossible de rencontrer, par hasard dans une aire de repos, le célébrissime acteur, Salah Eddine Benmoussa, sans lui poser quelques questions. Tantôt il s’affiche, tantôt il s’éclipse. Ce qui peut susciter des interrogations autour de cet artiste. Il y répond sans détours.

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ALM : Il vous arrive de vous afficher sur les écrans et de vous en éclipser alors qu’un grand public vous apprécie. Pourquoi ?

Salah Eddine Benmoussa : C’est pour la simple raison que je ne suis plus le même comme dans ma jeunesse tout comme d’autres acteurs. Donc, les sociétés de production ne font plus appel aux artistes qui ont pris de l’âge. Elles ont l’impression que nous ne sommes plus rentables comme avant. De plus, tout comme d’autres acteurs, je ne m’éclipse pas. Plutôt, on nous fait éclipser. Maintenant, si le public nous apprécie, il serait bien qu’il nous sollicite auprès des télévisions. D’autant plus que quand un scénario n’est pas à la hauteur de mes attentes, bien que le rôle soit assez important, je le rejette.

Qu’est-ce qui fait que vous acceptiez ou rejetiez un scénario ?

Je donne l’exemple d’un texte que j’ai déjà refusé, je l’ai reçu depuis environ trois ans de l’étranger avec une offre financière énorme. Je l’ai rejeté parce qu’il portait atteinte à la femme marocaine. De même, j’ai dit à d’autres acteurs marocains de ne pas répondre à cette proposition. Et pourtant, trois artistes y ont pris part. En outre ceux qui ont vu cette œuvre ont palpé cette atteinte. En fait, l’acteur marocain doit avoir des positions y compris celles d’ordre politique. Il doit aussi mener des réflexions et être cultivé, voire assimiler le scénario en s’intéressant aux sujets qui se mettent au service de la cause nationale ou arabe, ainsi qu’aux questions sociales et humaines.        

Et donc quels sont vos critères pour le choix des œuvres auxquelles vous participez ?

En premier lieu, je lis le scénario. Deuxièmement, je regarde ma position dans le film. Dans ce sens, il s’agit, pour moi, de voir si cette position aura une valeur ajoutée. Aussi, je vérifie la manière dont le dialogue est écrit. Si certaines répliques portent atteinte à la pudeur, je ne les interprète pas. Telles sont mes conditions. Pour rappel, j’ai récemment participé dans le film «Les 3 M» de Saâd Charibi. J’y ai interprété le rôle du grand-père. C’est un film qui raconte l’histoire de familles, marocaine, chrétienne et juive. Les trois coexistent à Casablanca.

Vous faites partie d’une génération fort appréciée par les Marocains. Comment préservez-vous cet attachement du public sans multiplier les apparitions ?    

Je suis plutôt d’une génération qui a fait beaucoup de choses. Pour ma part, j’ai sacrifié ma fonction en tant qu’enseignant de langue française. J’ai démissionné pour intégrer le domaine artistique avec compétence. J’ai même étudié à l’institut municipal et fait un stage à Avignon. J’ai aussi vu des pièces de théâtre et visité plusieurs pays où j’ai participé à des conférences. J’ai également mis en scène des pièces de théâtre que le ministère de la culture a récemment publiées.

Pourriez-vous nous donner une idée de ces œuvres ?

Je les ai interprétées dans les années 70. Il s’agit de «Bourass» que j’ai présentée, avec mon équipe, en 1971 lors de laquelle nous l’avons interprétée une seule fois. Nous avons été épiés par la police et nous nous sommes vus interdits de la jouer. Donc la réédition de cette pièce de théâtre s’est faite par le jeune artiste, Ayoub El Aiassi. Elle a déjà été présentée avec brio. J’ai également édité une autre pièce «Allouaâba» (Le jeu) avec le même ministère que je remercie. D’autres troupes l’ont à leur tour interprétée. J’ai de même fait une pièce de théâtre «Acchajara Eddakia » (L’arbre intelligent) dédiée aux enfants auxquels je conseille de la lire. Je recommande également aux enseignants de lire cette œuvre parce qu’elle traite de l’environnement.

La scène regorge désormais de jeunes artistes. Seraient-ils concurrents ?

Personnellement, je viens en aide aux jeunes pour la réalisation de courts-métrages. J’ai même contribué à pas mal d’œuvres du genre sans contrepartie.      

Que pensez-vous des artistes qui se lancent en réalisation cinématographique ?

Je répondrais plutôt en mon nom. Si je me lance en réalisation, je dois avoir tous les moyens nécessaires sans avoir à gérer quoi que ce soit tout en donnant mes propres instructions.

Quel regard portez-vous sur la culture au Maroc ?

Il faut une politique culturelle. Il ne s’agit pas de considérer la culture comme un «dessert» servi de temps à autre. Cette politique doit être faite parce qu’elle est nécessaire pour l’éducation des peuples qui sont mesurés selon leur culture. Et comment se fait-il que ce secteur ait un budget minime ?! Il faut que ce secteur ait des attributions financières importantes pour hisser les goûts artistiques.

Auriez-vous des projets ?

J’ai un projet d’écriture. Récemment, j’ai écrit une pièce de théâtre que je compte publier. J’attends le moment opportun et d’avoir les moyens pour le faire. 

Un dernier mot…

Il faut faire du théâtre. C’est important dans la vie. Les parents peuvent improviser avec leurs enfants pour mesurer leur intelligence culturelle comme ça ils peuvent traiter leurs problèmes sans violence.

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