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Souad Khouyi: «Auparavant, la publicité télévisée boostait les troupes…»

© D.R

Entretien avec Souad Khouyi, comédienne

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On peut dire de Souad Khouyi que c’est une comédienne rare du théâtre marocain. Rare c’est-à-dire unique, délicat et sensible. Depuis des décennies, elle sert les auteurs, les metteurs en scène et les personnages qu’elle aborde avec intelligence et profondeur. C’est une grande dame qui peut tout jouer, il faut juste qu’elle en soit convaincue. Si c’est le cas elle joue tout avec talent et bonheur. Modeste, discrète et confiante, Souad Khouyi est dotée d’une personnalité extrêmement appréciable, cette mère de famille peut vous épater par sa façon d’aimer son métier. C’est à peu près autour de cela que l’entretien a eu lieu avec ALM.

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ALM : Qu’est-ce qui fait que l’on ne vous voit plus aussi souvent sur scène ?

Souad Khouyi : Je ne me suis pas du tout éclipsée puisque l’an dernier j’ai pris part à la série télévisée «Une nouvelle vie» (Hayat Jadida) qui a gagné en taux d’audience élevé malgré la diffusion condensée de programmes ramadanesques. Aussi, je ne me suis pas éclipsée des planches parce que je prends part à des pièces de théâtre. Cette année, j’ai participé à deux œuvres théâtrales avec la troupe Arlequin. La première est intitulée «Affaire de femmes» (Cheghel laâyalate) du metteur en scène Omar Jadli. Je m’y suis produite aux côtés de Bouchra Ahrich, Hasna Tamtaoui et Abderrahim El Meniari entre autres. Nous avons fait à cette pièce de théâtre, préparée depuis deux ans, une promotion au Maroc et en Europe. Quant à la deuxième, appelée «Le parlement des femmes» de son metteur en scène, Ibrahim El Hanaey, j’y ai participé aux côtés d’Abdellatif El Khammouli et trois nouvelles lauréates de l’Isadac entre autres. Nous venons de faire des représentations à Beni Mellal, Khouribga et Kénitra dans le cadre de la domiciliation mise en place par le ministère de la culture. Parallèlement, la troupe du théâtre national, à laquelle j’appartiens, a récemment fait la reprise de «Ja w jab» entre autres. De plus, la troupe du théâtre national a entamé les répétitions pour la nouvelle pièce «Chkoun El maseoul ?». Au moment où nous voulions commencer les représentations, la troupe a perdu Loubna Fassiki sans oublier l’affaire de Saâd Lamjarred. Nous reprendrons, en tout cas, les répétitions.

De quoi parle cette nouvelle pièce ?

Elle rentre dans le cadre des sujets abordés par la troupe du théâtre national, à savoir des sujets d’actualité dont ceux à caractère politique, social et économique. Bien évidemment, nous ne prétendons pas donner des solutions mais nous essayons de montrer où le bât blesse.

On ne vous a jamais proposé des rôles au cinéma ?

J’ai déjà répondu à cette question à plusieurs reprises. Pour ma part, je suis une actrice qui s’affiche plus dans le théâtre qui ne lui permet pas d’avoir le temps de faire autre chose. Tantôt je reçois des offres parallèlement à une tournée, tantôt je me vois proposer des rôles qui ne répondent pas à mes attentes et que je décline. Et si l’on ne recourt pas à ma performance, il y a d’autres artistes. L’essentiel c’est de travailler dans un domaine passionnant.

Qu’en est-il de la télé ? Vous ne recevez pas d’offres non plus ?

En fait, l’an dernier, on m’a proposé trois offres que j’ai déclinées parce que je n’avais pas le temps. Il est vrai que je refuse certains rôles soit parce que je ne les apprécie pas, outre les contraintes de mes engagements en d’autres œuvres, soit à cause d’un désaccord à propos du cachet avec la personne qui m’a fait l’offre.

Que pensez-vous de la production télévisée ?

Je ne nie pas que la télévision marocaine est en pleine évolution. Nous avons de plus en plus d’émissions intéressantes. A leur tour, les drames ont évolué en termes d’écriture, de sujets et de techniques. Ainsi, nous avons une bonne quantité de production. Il faudrait plutôt qu’il y ait une égalité de chances entre les acteurs afin de ne pas improviser au niveau des artistes. Nous avons de très bons acteurs qui peuvent être entourés de nouveaux talents. Ce qui importe aussi c’est de travailler dans de bonnes conditions.

Votre performance en théâtre donne l’impression d’être la même…

Plutôt, nous avons, dans le cadre de la troupe du théâtre national, le même style qui est le vaudeville et qui a du succès auprès du public. Alors pourquoi s’aventurer à le changer ?! Pour notre part, nous changeons de personnages, mais nous n’avons pas la même performance, chacun d’entre nous en a une. Par exemple, A «Jar wa majrour», j’ai interprété le rôle de la fille gâtée. Par contre, dans la pièce de théâtre «Affaire de femmes» (Cheghel laâyalate), j’ai troqué ma voix contre celle d’un homme pour les fins du personnage. De même dans «Le parlement des femmes». Ce sont donc les personnages qui nous incitent à changer de ton.

Que pensez-vous des créations théâtrales ?

Nous n’allons pas généraliser en estimant que toutes les productions ne sont pas bonnes parce qu’il y a des expériences et des efforts fournis par plusieurs troupes qui méritent d’être vues. Aussi, une censure ne peut être faite à l’art qui est une créativité. Par contre, certains sujets peuvent porter atteinte à la pudeur. En tout cas, la fréquentation du théâtre demeure un choix. Mais moi, je respecte toutes les tendances.    

Que pensez-vous de la domiciliation et des troupes qui ne performent que quand elles ont des subventions ?

C’est une politique du ministère. En ce qui me concerne, je travaille avec une troupe qui n’a pas besoin de subvention. Et si le ministère met en œuvre  la domiciliation, c’est qu’il pense à l’artiste. Pour ma part, je ne peux pas juger d’autres troupes, dont certaines changent de personnages contrairement à la nôtre, qui viennent de commencer leur carrière. D’autant plus qu’il n’existe plus de compétitivité. De surcroît, la publicité télévisée boostait, auparavant, les troupes. Cet accompagnement médiatique a un impact sur celles-ci.

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