Dans Le Monde daté de jeudi, M. Colombani écrit: « Aujourd’hui, le propos des journalistes du Monde est d’examiner, d’analyser leur journal, de se le réapproprier, pour mieux demain le rénover, et par le même mouvement, de rendre le journal à ses lecteurs ». M. Colombani a souhaité alors que «Le Monde» aborde « une nouvelle phase de son histoire » et présente aux lecteurs « le point précis de la situation du journal » et les « engagements pour y faire face ». Lundi, un nouveau directeur de la rédaction, Gérard Courtois, a succédé à Edwy Plenel comme directeur de la rédaction et un conseil de surveillance a eu lieu.
Le patron du Monde a évoqué les difficultés « d’ordre structurel et économique », de diffusion, et rappelé le plan « d’économies et de redressement » engagé. Il a rappelé que Jean-Paul Louveau est devenu membre du directoire et remplace Dominique Alduy « qui a servi cette maison pendant dix ans avec dévouement, intelligence et beaucoup d’élégance ». Jean-Paul Louveau supervisera « directement la gestion du quotidien lui-même ».
Sur la recapitalisation du Monde, M. Colombani a indiqué : « Nous nous sommes tournés vers nos actionnaires -ceux qui nous accompagnent depuis longtemps déjà et ceux qui pourraient souhaiter nous rejoindre pour leur demander de renforcer notre capital ». Il précise que cette démarche a été approuvée par le Conseil de surveillance mais qu’il est « encore un peu tôt pour donner les noms des possibles nouveaux associés, alors les négociations d’ores et déjà en cours sont en bonne voie ». Cet élargissement du capital, martèle-t-il, « ne donnera à aucune personne, à aucun groupe, à aucune puissance la possibilité d’aliéner cette indépendance, d’entraver en quoi que ce soit notre liberté ». «Le Monde» « sait-il maintenir sa distance et son indépendance d’esprit par rapport à l’actualité dont il rend compte? », s’interroge-t-il. Pour lui, « la véritable indépendance se mesure en premier lieu à l’indépendance que l’on a vis-à-vis de soi-même, de sa propre culture, de ses propres choix ».
«Le Monde» doit être « le journal de cette indépendance-là d’abord. Un journal qui n’est prisonnier d’aucun a priori, ni sur la classe politique, ni sur les chefs d’entreprise, ni sur telle ou telle forme d’expression artistique », poursuit M. Colombani. «Le Monde» doit être un « journal où la compétence prime sur les connivences », affirme-t-il.