Avec ce premier album, Norah Jones s’impose comme une chanteuse charismatique, digne héritière des aînées Carole King, Rickie Lee Jones, Joni Mitchell et Laura Nyro. Comme ces deux dernières, la jeune Américaine ne veut rien se refuser : entre le jazz (le disque est édité par le label Blue Note), la pop, voire le folk ou la country, elle ne choisit pas, préférant varier les ambiances sans que la cohérence de l’ensemble soit jamais entamée. Pour venir à bout de cette tâche délicate, pas moins de deux producteurs ont été nécessaires. Craig Street apporte son expérience acquise aux côtés d’artistes singuliers (Joe Henry, Cassandra Wilson, Me’Shell Ndegeocello) tandis que Arif Mardin, producteur des oeuvres d’Aretha Franklin sur Atlantic, apporte en matière d’arrangements la touche nécessaire à la concrétisation des idées de la chanteuse. Bien qu’il ne s’agisse que de son premier opus, Norah Jones jouissait déjà d’une certaine réputation due à sa participation à l’un des disques du guitariste Charlie Hunter où, en reprenant Nick Drake et Roxy Music, elle révélait toute l’étendue de ses influences. Autour d’un groupe soudé, quelques invités, dont le batteur Brian Blade et le guitariste Bill Frisell, sont venus prêter main-forte. Ce qui domine sur Come Away With Me, c’est la maturité d’un sacré tempérament d’emblée affichée. Et, surtout, une totale authenticité.