Un nombre d’interrogations et de réflexions ont été derrière la réalisation de l’ouvrage qui vient d’être édité par Abdessalam Cheddadi et qui est intitulé «Comment peut-on être Marocain?». Intervenant lors de la présentation du livre au siège de la CDG, jeudi 14 mai à Rabat, M. Cheddadi a indiqué que «la réponse à cette question ne peut être que plurielle».
Quand on a été Marocain pendant toute une vie, ou même seulement une partie de sa vie, quelle expérience, quelles leçons peut-on en tirer ? Quel goût, pour ainsi dire, en garde-t-on dans la bouche ? Ce sont ces questionnements auxquels a voulu l’éditeur répondre, en collaborant avec une panoplie d’écrivains et de penseurs, Marocains résidant au Maroc ou à l’étranger, ou étrangers devenus marocains. On citera Tahar Benjelloun, Driss Jaydane, Jalil Bennani, Fouad Bellamine ou encore Khalid Zékri. «Je n’ai prétendu dans le choix que j’ai fait des participants à cet ouvrage, ni à la représentativité ni à l’exhaustivité. C’est un choix purement subjectif, lié à la fois à l’amitié, au hasard et à la disponibilité de ceux à qui je me suis adressé», a fait savoir M. Cheddadi.
«Comment peut-on être Marocain?» se veut un ouvrage collectif. Chacun des participants à cet ouvrage, de son point de vue propre, apporte un éclairage à un questionnement sur l’être marocain, dans le monde aujourd’hui. Cela est entendu à la fois comme une contribution à une prise de conscience commune de notre «marocanité». C’est donc un appel à tous les Marocains de ne pas se contenter de subir leur marocanité, mais de la penser ensemble de façon active et créative et de mettre l’individu au service de la collectivité pour réussir la vie en société.
La marocanité comme toute autre appartenance à un pays ayant une histoire, n’est pas susceptible d’être mise en doute. On admet bien qu’être né ici ou ailleurs est un hasard. Appartenir à une nation est un choix.
Selon Abdessalam Cheddadi, la question de l’appartenance nationale est devenue aujourd’hui bien relative, à tel point que «beaucoup se demandent si la nation a encore un sens et un avenir». L’éditeur de «comment peut-on être Marocain?» estime qu’il n’est plus admis ni théoriquement ni pratiquement, de se penser dans le cadre limité d’une appartenance nationale, étant donné les liens multiples entre une entité humaine quelconque avec toutes les autres, des plus proches au plus lointaines. L’individu dans un pays déterminé est lié à sa nation et en même temps il a un lien direct ou indirect avec les autres horizons. C’est en quelque sorte le concept de citoyen du monde. Il s’avère de plus en plus évident qu’on ne peut se penser qu’en pensant le monde. Une tâche qui ne saurait être des plus faciles. D’après M. Cheddadi : «si nous réalisons que nous pouvons être Marocains ou ne pas l’être, qu’être Marocain est un choix volontaire, un pari sur l’avenir, il est bien légitime que nous nous interrogions sur notre marocanité».