Des tireurs d’élite étaient postés sur des balcons surplombant la scène du Palais des congrès, près du quartier général de la coalition, dans un ancien palais du dictateur déchu Saddam Hussein. Sans se laisser impressionner, les musiciens ont donné un concert vibrant organisé à l’initiative du président en exercice du Conseil de gouvernement transitoire irakien Adnane Pachachi pour les représentants des pays et organisations qui ont promis un soutien financier à la reconstruction de l’Irak lors de la conférence de Madrid en octobre. L’orchestre a joué les mêmes morceaux que lors de son concert le 9 décembre à Washington auquel assistait le président américain George W. Bush, commençant par l’Ouverture Egmont de Beethoven, d’après Goethe. Le public a ensuite battu la cadence au rythme d’une production du chef d’orchestre Mohammad Ezzat intitulée « Trois fragments », inspirée de trois chansons populaires du sud, du centre et du nord de l’Irak. L’orchestre a également interprété un morceau du compositeur kurde contemporain Abdallah Sagirma, accompagné par six musiciens kurdes en costume traditionnel jouant de leurs instruments à corde et percussions: le balaban, le daf, le santour, le tar, le oudh, et le zarib. La plupart des 63 musiciens de l’orchestre sont diplômés de l’Ecole de musique et de ballet de Bagdad, a précisé M. Ezzat, chef d’orchestre depuis 1989. Il a estimé que l’orchestre avait pâti de la négligence et du manque de soutien financier du régime déchu, mais n’avait pas subi d’ingérence de la part de celui-ci. « On nous laissait tranquilles et, en fait, nous étions un peu comme un club de musique dont les membres s’entraidaient pour préserver notre art et nos critères », a-t-il déclaré. Il a ajouté que l’orchestre essayait de monter une tournée en juin en Europe, notamment en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Suisse.