Trouver un bon mari, échapper au célibat ou chasser le mauvais sort «Tabâa», les recettes de nos grands-mères et arrières grands-mères résistent au temps. Des recettes qui vont des talismans aux «Bkhours» et allant jusqu’aux visites des
«Chouraffa» et «Chouaffa».
Pour certaines, ces tendances semblent révolues, mais pour d’autres le rituel ancestral est enraciné et ancré. La «baraka» des recettes des grands-mères restera à jamais.
Le destin a besoin d’un coup de pouce pour réconforter les efforts des unes et des autres.
À quelques kilomètres de la ville d’Agadir, se situe donc «Imouran». Un petit îlot féerique pour les amateurs du surf et pour les passionnés de la pêche. Entre surf et pêche, d’autres passions attirent les gens vers «Imouran». L’histoire semble lointaine et remontant aux pratiques ancestrales. Certaines y croient encore. L’endroit détient des forces magiques. Ne suffit-il pas de venir sur place et se laisser bercer par sept vagues déchaînées au sein d’une grotte située sur cet îlot pour se frayer un petit chemin menant vers le bonheur ?
«Depuis fort longtemps, les femmes avaient pour habitude d’emmener leurs filles en âge de mariage sur cet îlot. En venant tôt le matin et loin des regards, les mères escortaient leurs filles jusqu’à un petit trou situé dans un rocher de cet îlot. Le rituel était simple et dangereux à la fois. Deux femmes tenaient fermement la fille par les épaules alors qu’elle était exposée à la force des vagues déchaînées qui remontaient du trou », explique, Fadma, une sexagénaire. « Les deux femmes devaient tenir la fille avec une grande force pour qu’elle ne glisse pas dans le trou. Et c’est alors que la fille expose son corps à sept vagues successives sans parler ni se retourner. Le résultat est assuré : plusieurs filles se sont mariées directement après avoir accompli ce rituel», clame-t-elle. Pourquoi sept vagues ? La question semble sans réponse et «c’est ainsi tout simplement ce que nos ancêtres faisaient».
Des sept «Rijal Allah» au sept vagues, le numéro sept se trouve en règne absolu. Détonnant les grands secrets supranaturels. Pourtant à «Imouran» on vient aussi pour autres choses que la recherche d’un mari. Pour ceux qui arrivent à deviner, cette fois c’est à la chasse à «Tabâa», manque de chance, mauvais œil ou force maléfique qui entravent le bonheur des jeunes et vieilles filles. Et pour ce faire, il faut se réveiller tôt le matin et avant le lever du soleil. Une baignade s’impose pour les jeunes filles malgré le froid et cette fois loin de la grotte.
Munies d’une nouvelle brosse pour se coiffer, de pyjama neuf, les femmes vont au-devant des vagues, se coiffent les cheveux et se laissent bercer par les vagues. Il ne faut surtout pas oublier, les vagues doivent être au nombre de sept. Autres consignes, défense de parler, de se retourner en arrière et avec la septième vague, la femme doit se déshabiller et jeter ses vêtements et sa brosse dans la mer. Désolée pour dame nature mais la «Tabâa» est une affaire à grand risque pour les Marocaines. Pourquoi se défaire de ses affaires ? Tout simplement pour faire table rase avec la
«Tabâa» et commencer une nouvelle page. «Je suis un amateur de la canne à pêche et il m’est arrivé à plusieurs reprises de voir des femmes se livrer à ce genre de pratique. Je regardais de loin, mais en y pensant je trouve que quand on est désespéré, on croit à tout. Il est sûr que ces pratiques leur apportent un réconfort psychologique», explique cet amateur de canne à pêche.
A «Imouran» on donne même naissance annuellement à un «moussem» sur place. L’objectif était de donner aux filles et garçons en âge de mariage l’occasion de se rencontrer mais également de s’adonner à la chasse des sept vagues de la grotte. Si les tendances semblent aujourd’hui suivre un nouveau tournant, certaines croient encore aux dons magiques de cette grotte, oubliant les risques et frôlant le danger, elles sont encore prêtes à se lancer à vos trousses chers messieurs.