Culture et lecture pour les jeunes

Elles ont été quelque 180 nouvelles bibliothèques à voir le jour cette année. Un nombre pour le moins encourageant et dont le mérite revient, une fois encore, au secrétariat d’Etat chargé de la Jeunesse. Un document de ce dernier, rendu public récemment, qui a relayé cette information, indique également que 110 clubs de théâtre pour jeunes et 1.070 espaces de sport ont aussi été créés depuis le début de l’année en cours.
Dans un pays où l’intérêt réservé à la chose culturelle reste limitée à une certaine « élite », la nouvelle a de quoi réjouir. Surtout quand on sait que le nombre des bibliothèques publiques que compte le Maroc, celles qui sont rattachées au ministère de la Culture, ne dépasse guère les 145, soit une bibliothèque pour 200.000 habitants. Ceci, sachant que le nombre d’utilisateurs de ces bibliothèques s’élève à 1.067.000 par an.
La mise en place de ces structures a été étoffée par l’organisation de plusieurs activités dans les domaines de l’encadrement et de la formation des jeunes, de la protection de l’enfance et de la lutte contre l’analphabétisme. En matière d’encadrement et de formation des jeunes, les bénéficiaires des activités des maisons de jeunes, qui sont au nombre de 325 établissements (dont 120 en milieu rural), sont évalués à quelque 4.159.164 jeunes.
Le secrétariat d’Etat veille également à la formation des animateurs et des spécialistes en matière d’encadrement des jeunes dans différents domaines, en particulier la communication, le théâtre, la musique, le cinéma et la culture. Le même département a organisé, au profit de 632.000 jeunes, une série de forums et de rencontres. Ces initiatives, qui s’inscrivent dans le cadre d’une approche de renouvellement de la culture de la communication et du dialogue, sont de nature à imprimer un impact positif aux systèmes des valeurs et de pensées des jeunes.
Voilà qui n’est pas sans combler un vide qui n’a fait que se creuser d’année en année. Notamment en matière de création de bibliothèques, dont la rareté n’a d’égal que le manque d’entretien et et de bonne gestion de ce qui existe. Un état des lieux qui s’explique notamment par le niveau des ressources financières allouées à cette tâche, le budget annuel débloqué à cette fin ne dépassant guère les 5 millions de DH en termes d’équipements et 6 millions de DH en matière d’acquisition. En 1994, l’effectif global du personnel des bibliothèques relevant du ministère de la Culture est de 407 agents. Le personnel professionnel n’en représente que 2,5%. Des chiffres qui en disent long sur la situation de la lecture et de la recherche dans notre pays. Pays où le pouvoir d’achat, doublé d’un honteux taux d’analphabétisme, place l’acte d’achat d’ouvrage dans le rang du luxe, de l’inaccessible.