Culture

De toutes les couleurs : Maudit oubli !

© D.R

On croyait révolu le temps où les artistes malchanceux trépassaient dans la misère et l’indifférence. Il y a tellement de moyens de communication aujourd’hui, que le moindre événement se sait instantanément à travers le globe. On s’était même un peu habitué à voir réussir des artistes avec très peu de talent -c’est vrai qu’avec l’avènement de l’art abstrait, il était devenu possible, parfois même à des imposteurs, de réussir avec très peu de moyens et d’authenticité à vivre dans un certain confort et décéder dans la dignité.
On avait oublié ! Mais voilà que cela arrive au Maroc! L’artiste-peintre Regraguia est décédée dans l’indifférence et la solitude. Sans même les moyens de se payer une clinique et des soins décents. C’est seulement quand on s’est rendu compte que sa carte d’artiste seule ne lui garantissait aucune couverture médicale, que les autorités locales ont eu la bonté de l’aider.
Partout dans le monde, on a la fâcheuse tendance à attribuer toutes sortes de superlatifs à une personne qui vient de décéder, mais rassurez-vous, je ne connaissais pas Regraguia pour dire quoi que ce soit de certain sur elle. Comme tous les Marocains, c’est grâce à l’émission «Nostalgia», au film sur sa vie, réalisé par Kamal Kamal et aussi au reportage intitulé «Empreintes» sur la chaîne Al Jazeera, réalisé par Omar Benhammou, que j’ai pu avoir une idée sur qui elle était.
Peu importe si sa peinture plaît ou pas, c’est une artiste dont on a parlé, qui a intrigué, étonné et surement inspiré beaucoup de gens. Une femme qui n’a pas attendu son destin, elle l’a pris par les cornes ! Sa réussite relative, elle ne la doit pas à la chance, c’était un choix courageux, surtout pour une femme née dans un milieu traditionnel très conservateur. Elle était «destinée» à vivre enfermée, à l’ancienne, mais elle a évité cette destinée-là pour trouver son propre chemin. Il y a un dicton chinois qui dit : «On trouve souvent son destin sur le chemin qu’on prend pour l’éviter.»
Sans dire qu’elle était gentille ou géniale, je voudrais juste souligner l’absurdité du fait qu’une artiste reconnue au niveau national, et qui a donc plus ou moins marqué son époque et son pays, meure dans ces conditions.
Je pense qu’une personne, quelle qu’elle soit, dont la contribution, aussi petite soit-elle, est bénéfique à toute une nation, devrait être récompensée par la nation. D’une manière ou d’une autre, le peuple par l’intermédiaire de ses représentants, devrait récompenser cette personne pour sa contribution à son bien-être. Regraguia, comme d’autres, a certainement «ajouté» un peu à la culture et à l’image du pays. Une de ceux qu’on devrait reconnaître «d’utilité publique» !
Elle aurait pu passer sa vie, comme toutes les femmes de sa condition, à tisser des tapis pour une bouchée de pain, mais elle avait décidé de vivre en grand, de marquer l’histoire du pays, et mettre son destin entre de bonnes mains : les siennes.

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