Formé à bonne école, aux États-Unis, ayant vécu à Los Angeles et ailleurs, Dean Mountaki a derrière lui un bon parcours américain, avant de revenir au Maroc pour y lancer une nouvelle carrière d’acteur.
Il faut le voir à l’exercice pour se rendre compte de la force du jeu de cet acteur instinctif, qui marche au feeling et qui va puiser en lui tout ce qui peut servir le personnage qu’il incarne. Chez Dean Mountaki, il y a cette rage, cette colère diffuse, cette volonté de briser des digues intérieures pour laisser couler un torrent de sentiments et d’émotions enfouis. Il faut le suivre d’un registre à l’autre, passant d’une scène à l’autre, face à un acteur solide, face à un débutant, face à un réalisateur exigeant pour se rendre compte de la flexibilité du bonhomme. Il est fluide, il coule dans le moule, il suit les sinuosités du rôle, s’en empare et le ressort différent, pétri dans le magma interne. «Être acteur, c’est avoir cette capacité de se dissoudre dans tous les personnages ou presque. C’est aller le plus profond en soi jusqu’à se perdre et en ressortir avec un nouveau personnage, à la fois ancré et crédible.
Être acteur, c’est savoir disparaître pour réapparaître sous d’autres aspects, avec la même profondeur et la même force. Pour moi, faire du cinéma, être devant la caméra est un voyage unique, qui ne doit en aucun cas ressembler au suivant, car chaque rôle est unique et le répéter, c’est le tuer », explique Dean Mountaki, qui, depuis son retour au Maroc choisit avec beaucoup d’exigence ses rôles et en a déjà décliné plusieurs: «Il y a un manque sérieux en termes d’écriture. Les personnages sont fades et ne dégagent rien de profond. J’ai tout le temps devant moi. Être dans un film pour y être ne m’intéresse pas du tout. Je préfère choisir mes rôles et rester en adéquation avec moi-même », souligne l’acteur. Cette détermination à ne se prêter au jeu quand celui-ci en vaut la chandelle est une marque rare dans le milieu du cinéma et de la télévision au Maroc. Cela grille des figures comme cela catalogue d’autres et arrête leur progression.
C’est l’écueil que veut à tout prix éviter Dean Mountaki: «Un seul rôle, un seul film, avec un excellent scénario, sous la direction d’un bon metteur en scène et la satisfaction est là. Cela me suffit en attendant de tomber sur un autre bon scripte et une autre belle aventure, comme celle que je viens de terminer dans le Sahara marocain en tournant avec un excellent réalisateur et une belle brochette d’acteurs, comme Driss Roukhe, Mohamed Choubi, Kamal Haïmoud et d’autres. J’ai choisi ce métier pour tomber sur ce type de rôle et c’est fait. Ce qui veut dire qu’il faut attendre et être patient et ne jamais se brader», précise Dean Mountaki, qui écrit aussi et qui a déjà un projet solide, avec un scénario, qui sera bientôt mis en scène et tourné au Maroc.
C’est dire que quand l’acteur lit, se documente, voit beaucoup de films, voyage, découvre le monde et les autres, va dans des expositions, écoute de la musique, se tient au courant des affaires de ce monde, en cherchant à devenir la meilleure version de lui-même, ce type d’acteur finit toujours par se démarquer et tenir le haut des affiches. C’est exactement ce qui fait vibrer Dean Mountaki, pour qui: «être acteur, c’est apprendre, c’est lire, c’est prendre des notes, c’est voir beaucoup de films, de tous les horizons, c’est être ouvert, comme une éponge qui absorbe tout, c’est aimer les arts, aimer les autres, être en règle avec soi-même, s’occuper de sa vie, s’inspirer de la vie des autres et travailler, sans répit pour se réaliser et dépasser ses limites».
Cette démarche est caractéristique des artistes qui ont des tripes et qui vivent selon leur cœur, sans lifting de façade, sans faux-semblant et sans compromis ni compromission. Ce sont exactement ces qualités qui font l’artiste et qui ouvrent des horizons là où d’autres ne voient que des impasses : «J’ai appris ailleurs qu’il faut tenir à qui nous sommes et ne jamais se travestir. C’est la plus belle leçon de ma vie et j’y tiens », conclut l’acteur.