Le décès de Hajja El Hamdaouia fait depuis des années l’objet de rumeurs et de spéculations plus ou moins relayées sur les réseaux sociaux.
Des rumeurs qui l’ont condamnée à mort des dizaines de fois, et de fausses nouvelles sur sa maladie sont sorties de son corps avant qu’il ne tombe malade. Mais cette fois-ci l’annonce est vraie, Hajja El Hamdaouia a rendu l’âme lundi dans un hôpital à Rabat, à l’âge de 91 ans, des suites d’une longue maladie. A vrai dire, cette chanteuse est considérée comme un véritable monument de l’art de l’Aïta. Elle a préservé cet art et a laissé son empreinte distinctive. «Elle a été l’une des figures marquantes du chant populaire au Maroc. Avec un parcours professionnel d’environ sept décennies, elle a marqué les esprits de plusieurs générations», témoigne Ahmed Aydoun, musicologue.
Il faut dire que la diva a donné à l’art de l’Aïta un souffle moderne. Elle est la première à avoir eu l’audace de mélanger cet art au châabi et à y unir des instruments modernes tels que le clavier, la basse, la guitare… Elle en fait une sorte de pop marocaine accessible à tous. Cette native de Derb Sultan est remarquée très jeune. D’ailleurs, elle a entamé sa carrière au sein du théâtre de Bachir Al Alj, elle a côtoyé les maîtres de l’Aïta tels que Bouchaib Bidaoui et Qibbou (alias Maréchal Qibbou). De même, elle a fréquenté Mohamed Fouiteh, Maâti Belkacem ou encore le célèbre Salim Hilali. «C’est une artiste qui a su se forger un style et une présence, qui a cumulé des expériences en menant à la fois une carrière de scène et une production discographique conséquente en plus d’avoir tenté la chanson télévisée (ancêtre de ce qu’on appelle aujourd’hui le vidéoclip)», indique M Aydoun.
La diva a marqué de son empreinte le répertoire musical populaire pendant des décennies. Ses chansons culte comme «Daba Yji», «Jiti Majiti», «Mama Hyani», ont inspiré plusieurs générations d’artistes marocains. L’an dernier, en 2020, Hajja Hamdaouia avait décidé de céder l’ensemble des droits de son immense répertoire à la chanteuse Xena Aouita, fille du célèbre Saïd Aouita. «L’art de l’Aïta est un art qui a survécu au renouvellement des générations, la mémoire des artistes disparus sert encore aux jeunes artistes qui ont pris la relève. Le répertoire de Hamdaouia survivra et nous continuerons à honorer sa mémoire», explique le musicologue.
Et de conclure : «Le Maroc doit préserver la mémoire de ceux et celles qui ont enrichi son histoire musicale à l’image de ce que fut Hajja Hamdaouia. Un phonogramme national et un centre de documentation autour de la chanson marocaine s’imposent».