Culture

Décès de Maurice Béjart : Les artistes rendent hommage à «l’Africain»

Le décès du chorégraphe français, survenu le 22 novembre en Suisse et qui doit être incinéré mardi, «m’a beaucoup affectée», a déclaré à l’AFP Germaine Acogny, chorégraphe franco-sénégalaise qui fut directrice de «Mudra Afrique». Cette école des arts du spectacles créée à Dakar en 1977 à l’initiative de M. Béjart a formé pendant cinq ans de grands noms de la danse contemporaine africaine. «Il m’a dit que je suis la fille noire qu’il aurait pu avoir s’il avait eu des enfants, dans la dédicace de son livre “Un instant dans la vie d’autrui” (ses mémoires, publiées en 1992, NDLR). Il disait qu’il avait un quart de sang noir par (son arrière-)grand-mère, Fatou Diagne, une Sénégalaise», a-t-elle ajouté. «Il en était très fier».  Maurice Béjart – de son vrai nom Maurice Jean Berger – était le fils du philosophe Gaston Berger, natif de Saint-Louis (nord du Sénégal), ancienne capitale de l’Afrique occidentale française. La grand-mère de Gaston Berger, «Fatou Diagne, était une femme noire de Gorée» (île au large de Dakar), a indiqué M. Béjart lui-même à l’écrivain belge Michel Robert, auteur de trois livres sur le chorégraphe. Lorsqu’elle a appris son décès, Germaine Acogny «donnait des cours à Paris (…) pour une vingtaine de professionnels» de la danse, a expliqué la Franco-Sénégalaise, jointe lundi à Toulouse. «Je leur ai fait observer une minute de silence, et les ai fait danser pour lui. Parce qu’il voulait qu’on danse. C’était ça, son message», a ajouté Mme Acogny, qui prévoit d’organiser des «sarakh» (cérémonie rituelle de prière) pour le 40e jour de son décès à Toubab Dialaw (50 km au sud-est de Dakar) où elle a créé son propre centre de danse, l’Ecole des Sables. «Ca tombe le 31 décembre. Ce sera comme une renaissance. C’est la fin de l’année et la veille de son anniversaire, il est né le 1er janvier (1927)», a-t-elle précisé. Kettly Noël, chorégraphe haïtienne basée à Bamako, a de son côté salué en Maurice Béjart «un grand bonhomme», «un des pères fondateurs de la danse contemporaine africaine» mais également un «Africain, puisqu’il a des racines sénégalaises». Son décès, «c’est une grande perte. Mais en même temps, comme il était malade et qu’il souffrait, je ne vis pas sa mort de manière négative», a affirmé à l’AFP Mme Noël, qui co-organise depuis 2001 un festival dédié à la danse contemporaine, «Dense Bamako Danse». «Nous l’appelions “Béjart l’Africain”. Il disait que grâce à cette partie de l’Afrique qui est en (lui), (il a) continué à danser», avait affirmé le jour même de sa disparition le Sénégalais Mamadou Diop, professeur de chorégraphie.

Coumba Syllia (AFP)

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