Culture

Décès : Pavarotti, le ténor le plus célèbre de sa génération

© D.R

Comme de nombreux petits Italiens, Luciano Pavarotti, décédé jeudi à l’âge de 71 ans, rêvait de devenir une star du ballon rond. Mais s’il a rempli des stades au cours de sa carrière, c’est grâce à sa voix, non à ses talents footballistiques. L’imposant ténor à la barbe noire, considéré par beaucoup comme le meilleur de sa génération, avait accédé à la notoriété un soir de 1963 à Covent Garden, à Londres, où il avait remplacé à la dernière minute Giuseppe di Stefano dans «La Bohème» de Puccini. Avec ses partenaires espagnols Placido Domingo et José Carreras, il avait fait de l’air «Nessun dorma», de «Turandot», un autre opéra de Puccini, l’hymne officiel de la Coupe du monde de football, disputée en Italie en 1990, contribuant ainsi à la diffusion de l’opéra auprès du grand public.
Les ventes de disques d’opéra explosèrent après le concert donné à cette occasion à Rome, dans les majestueuses ruines des thermes de Caracalla, concert suivi grâce à la télévision par 800 millions de personnes à travers le monde. Rien ne prédisposait le jeune Pavarotti, né le 12 octobre 1935 à Modène, à devenir l’un des plus grands noms de la scène lyrique. Son père, boulanger, était bien un amateur de «bel canto» mais il souhaitait pour son fils une situation stable. Le jeune Luciano débute donc dans la vie professionnelle comme agent d’assurances, puis comme enseignant. Sa carrière officielle de chanteur commence avec le rôle de Rodolphe dans «La Bohème», où il triomphe en avril 1961 à l’opéra de Reggio Emilia, dans sa région d’origine. Sa réputation s’étend peu à peu, jusqu’à la soirée de Covent Garden qui enthousiasme le public et une grande partie de la critique. En 1972, au Metropolitan Opera de New York – «chez moi», disait-il – il suscite le délire en enchaînant sans difficulté les neuf contre-uts de l’air «Ah mes amis, quel jour de fête» de «La fille du régiment» de Donizetti. Trente ans plus tard, il restait l’un des chanteurs lyriques les mieux payés, même si ses apparitions publiques devenaient de plus en plus rares.  Des ennuis de santé ont commencé à perturber sa carrière, le forçant à annuler plusieurs concerts de sa tournée d’adieux à travers le monde, lancée en 2004. En juillet 2006, il est opéré à New York d’une tumeur cancéreuse au pancréas et se retire ensuite dans sa villa de Modène. Il veut remonter sur scène mais, trop fatigué, doit annuler quelques mois plus tard sa rentrée.  «J’ai tout eu dans la vie, vraiment tout. Et si je perds tout, eh bien on peut dire que Dieu et moi nous sommes quittes», déclarait-il dans une de ses dernières interviews. Il n’avait pas été épargné dans les dernières années de sa carrière par les critiques, qui lui reprochaient ses «caprices de diva», notamment des annulations à la dernière minute, et affirmaient que sa voix n’était plus ce qu’elle avait été.
 En 1992, Pavarotti, prétextant un manque de préparation, avait reconnu avoir chanté en play-back lors d’un concert censé être donné en direct. Il avait proposé de rembourser à la BBC le coût total de ce concert. Malgré ces quelques fausses notes, ses fans ne l’ont jamais abandonné. «Pavarotti est la dernière grande figure charismatique de notre époque. Les  amateurs de «bel canto» ont pour lui une admiration sans bornes», déclarait en juillet dernier le chanteur italien Andrea Bocelli. En 2003, Pavarotti avait épousé Nicoletta Mantovani, son assistante de 34 ans sa cadette et plus jeune que les trois filles nées d’une première union du ténor. Sa nouvelle épouse attendait des jumeaux, un garçon et une fille, mais à la suite de complications le garçon est mort-né, une nouvelle épreuve pour le chanteur qui avait reporté toute son affection sur la petite fille survivante, Alice, pour laquelle il avait enregistré son premier album solo depuis quinze ans, intitulé «Ti Adoro».
Pavarotti avouait ne jamais chanter dans l’intimité, «même pas sous la douche», et, perfectionniste, ne supportait pas d’écouter ses  enregistrements, affirmant n’y entendre que les fausses notes. «Mon pire cauchemar, c’est d’être invité à dîner chez quelqu’un qui mettrait un disque de moi», disait-il. «Ça me  couperait l’appétit». «Big Luciano» avait pourtant un bon coup de fourchette. Il avait pesé jusqu’à 130 kilos.

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