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Des artisans marocains pour restaurer «El Palacio Alhambra» à Santiago du Chili

© D.R

Ce monument historique se détériore de jour en jour

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La collecte des fonds est une opération qui risque de prendre beaucoup de temps vu qu’elle repose principalement sur le mécénat de personnes physiques et d’entreprises privées.

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Qui aurait pu croire, ou même oser espérer, trouver une bâtisse aux caractéristiques arabo-musulmanes en Amérique latine ? C’est bien au cœur de Santiago, capitale du Chili, dans une ruelle au milieu d’immeubles modernes et de galeries commerciales, à quelques pas de La Moneda, siège de la Présidence chilienne, qu’on trouve le Palais Alhambra. Construit entre 1860 et 1862 par le riche industriel des mines chilien Francisco Osa Mercado, qui en avait fait sa résidence principale, «El Palacio», comme on l’appelle ici, a longtemps été un point de rencontre de l’aristocratie locale. Francisco Osa, homme amoureux des constructions andalouses, l’avait commandé au grand architecte Manuel Aldunate, en le dépêchant en Espagne pour s’inspirer de l’architecture nasride qui est très connue par son art ornemental utilisé, notamment, dans la construction des palais des princes nasrides d’Andalousie islamique.

Ce magnifique palais mauresque d’une grande beauté qui fut ainsi inspiré du fabuleux Alhambra de Grenade en Espagne, est une représentation typique des constructions arabo-musulmanes qui étaient très courantes aux 15ème et 17ème siècles. Bâti sur un terrain de 1.700 mètres  carrés, on y trouve toutes les caractéristiques des constructions islamiques : les patios, les hauts murs décorés de fresques et ornées de calligraphies coraniques en langue arabe. Sans compter  la décoration florale stylisée, les arabesques et motifs géométriques… on ne peut pas s’empêcher quand on le visite de penser à ces artisans arabes qui ont traversé des centaines de kilomètres pour y laisser l’empreinte de leur art millénaire.

Ce monument d’une grande qualité architecturale, est considéré comme la plus ancienne des quatre répliques de l’originale Alhambra de Grenade qui existent dans le monde. Il demeura pendant très longtemps propriété de riches notables chiliens avant d’être cédé en 1940 à la Société nationale des beaux-arts (SNBA) par son dernier propriétaire Julio Garrido Falcon, un passionné de la peinture. Et c’est justement afin qu’il soit conservé que le ministère de l’éducation chilien avait décidé, en 1973, de classer le «Palacio Alhambra» de Santiago dans la liste des monuments nationaux. En 2009, à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance chilienne, le Royaume du Maroc s’était engagé à restaurer les calligraphies arabes et les décorations murales, qui nécessitent le savoir-faire et la finesse dont sont célèbres les artisans marocains, tout en assurant une formation à une équipe de restaurateurs chiliens.

Malheureusement, les tremblements de terre qu’a connus la ville de Santiago n’ont pas arrangé les choses pour que le «Palacio Alhambra» fasse peau neuve. Surtout à la suite du séisme de février 2010 qui a causé énormément de dégâts à l’édifice aussi bien au niveau de sa façade principale qu’au niveau de ses décorations, ce qui a engendré, d’ailleurs, la fermeture temporaire de la moitié du Palais par le ministère des travaux publics, et ce afin d’éviter tout risque d’effondrement. Chose qui a mis en suspens l’offre marocaine de restauration. Du moins,  jusqu’à ce que le plus important soit fait, c’est-à-dire la restauration des lieux.

Aujourd’hui ce monument historique digne des palais des Mille et une nuits, certainement la plus fidèle réplique en son genre dans le monde, se détériore de jour en jour. Il se trouve dans un état délabré, et il n’a toujours pas été remis sur pied faute de moyens financiers. Selon Fabriciano Rojas Sanhueza, président de la Société nationale des beaux-arts, l’enveloppe nécessaire à la restauration est colossale : 2 milliards de pesos chiliens (environ 3,3 millions de dollars).

La collecte des fonds est une opération qui risque de prendre beaucoup de temps vu qu’elle repose principalement sur le mécénat de personnes physiques et d’entreprises privées. Rojas a enfin formulé le souhait que l’offre qui a été proposée par le Royaume du Maroc en 2009 soit toujours maintenue.

Justement, d’après M. Faysal Cherradi, architecte au ministère marocain de la culture, grand connaisseur du Chili et de ce dossier, «le Royaume du Maroc voulait effectivement prendre en charge la décoration en plâtre ciselé et ce en envoyant six maîtres artisans plâtriers».

Et de conclure : «Après le tremblement de terre de 2010 qui a affecté grièvement la structure en bois du bâtiment, nous avons proposé d’attendre la restauration de la structure porteuse pour connaître l’ampleur de la restauration à effectuer».

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«Le Palais de Santiago reste la réplique la plus fidèle à l’original»

Trois questions à Fabriciano Rojas Sanhueza, président de la Société nationale des beaux-arts (SNBA)

Qu’est-ce que la SNBA ?

Fabriciano Rojas Sanhueza : La SNBA est une association à but non lucratif qui fête cette année ses 100 ans. Elle a été fondée par l’artiste Juan Francisco Gonzales afin de préserver cet art de la peinture et de le transmettre à un public plus large, notamment les jeunes générations.

Combien de temps vont durer les travaux au Palais Alhambra dont votre association est propriétaire ?

Nous espérons que cela se fasse le plus rapidement possible. Mais comme vous savez, la collecte des fonds est une opération ardue. Lorsque nous aurons réuni tous les fonds nécessaires, les travaux ne dureront pas plus de deux à trois ans.

Alhambra de Santiago est-elle la seule d’Amérique latine ?

Il existe au moins trois autres répliques de l’Alhambra de Grenade en Amérique latine.

Mais ce qui est sûr, c’est que le Palais de Santiago reste, de l’avis des connaisseurs, la réplique la plus fidèle à l’original, bien qu’elle soit 7 fois moins grande.

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Par Maha El Yabouri

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