Les festivités de la 13ème édition du festival du thèâtre arabe se poursuivent à Casablanca. Retour en images sur quelques pièces présentées au cours de ce rendez-vous culturel.
Casablanca vibre depuis mardi dernier aux rythmes de l’art dramatique. La métropole accueille jusqu’à 16 janvier les festivités de la 13ème édition du festival du théâtre arabe. Ainsi, trois scènes casablancaises accueillent, au quotidien, sur leurs planches des dramaturges du Maroc, de la Tunisie, de l’Égypte, de l’Iraq, de la Syrie, du Koweït et des Emirats arabes unis. Entre nouvelles créations et adaptations des grands classiques, les participants livrent, le temps du spectacle, des regards croisés sur les pratiques théâtrales contemporaines dans la région MENA et ce à l’aune des grandes mutations que connaît la scène artistique arabe. A la veille de la clôture de ce rendez-vous culturel, ALM a sélectionné pour vous quelques coups de coeur de la 13ème édition du festival.
« I Medea », un voyage sombre entre la mythologie et le présent chaotique
I Medea ( je suis Médéa) n’est tout autre qu’une adaptation de la pièce d’Euripide «Médée». Le dramaturge koweïtien Soulayman Al Bassam a réussi à travers son oeuvre à créer une connexion entre l’Occident et l’Orient à travers une intrigue alliant réalité et fantasme. Il a réussi à préserver le caractère sombre du personnage de Médée et faire d’elle un emblème de la révolte et de la vengeance. Médée, telle qu’elle est pensée par Soulayman Al Bassam est un cri social. Soulayman Al Bassam, à la fois auteur, metteur en scène et interprète de la pièce, nous fait sombrer dans le fin fond du personnage de Medée pour vivre sa douleur et ses tourments. Cette pièce interprétée par Hala Omrane (Médéé) et Soulayman Al Bassam est en effet un voyage sombre entre la mythologie et le présent chaotique. Un périple ponctué par des effets sonores et visuels à la fois simples et complexes. Le spectacle allie interprétation, musique et chant. Les interprètes ont impressionné le public par leur aisance de jeu et leur multilinguisme (arabe classique, français, anglais, italien et hébreu). Une représentation qui a suscité l’émoi des spectateurs.
«Mayet Mat», le jeu des contrastes
Représentant l’Iraq à cette édition, la pièce «Mayet Mat» écrite et mise en scène par Ali Abdenabi Zaydi traite de la thématique de l’attentisme en opposant le personnage de «Godot» de Samuel Beckett à celui de «Mawlana». Il s’agit de deux individus qui se réveillent après 1.000 ans pour découvrir que leur attentisme n’aurait pu avoir lieu. La pièce porte sur un ensemble de contrastes : le bien et le mal, le présent et le passé, le sacré et le profane. Le rythme de la pièce se caractérise par sa lenteur qui reflète l’attentisme de ses deux personnages principaux et ouvre la voie à une réflexion philosophique auprès du public.
« Supermarket », une lecture satirique des maux économiques
Adaptée de l’oeuvre de « Faut pas payer » de l’Italien Dario Fo, la pièce « Super Market » mise en scène par le comédien syrien Aymen Zaidan raconte le combat de femmes ouvrières face à la flambée des prix des matières premières. Une thématique d’actualité que Aymen Zaidan a choisi de traiter dans un cadre satirique. La pièce timbrée d’humour noir n’a pu laisser le public indifférent. Ce dernier a acclamé haut et fort la performance de Hatem Zaydan, Lama Baddour, Yasser Salamone, Sally Ahmad et Houssam Salama.
«Brenda», la souffrance conjuguée au féminin
Après avoir remporté le prix de la meilleure représentation théâtrale à la dernière édition du Festival de théâtre de Jordanie, Amine Assahel a présenté samedi sa pièce Brenda au public de la 13ème édition du festival du théâtre arabe. Cette pièce traite avec audace les maux de notre société, notamment ceux se rapportant à la population juvénile. Exploitation des mineurs, inceste, délinquance… Autant de tars qu’Amine Assahel pointe du doigt. Le spectacle allie interprétation et chant en s’appuyant sur le rap et le hip-hop en tant qu’expression de contestation. « Brenda » se veut une chanson théâtralisée. Elle est inspirée du texte du rappeur Tupac Shakur assassiné en 1996. Amine Assahel et sa troupe composée des lauréats de l’Isadac ont adapté ce track à la réalité marocaine en vue de mettre en lumière les différents problèmes auxquels sont sujettes les femmes dans notre société.