Culture

Dominique Caubet : «Il y a beaucoup d’espoir dans cet esprit de liberté de Nayda»

© D.R


ALM : Où en êtes-vous avec votre intérêt pour la scène urbaine marocaine ?
Dominique Caubet : Je continue à suivre l’évolution de ce mouvement. Depuis le film Casanayda dont le tournage a démarré en 2005, cela a beaucoup évolué. Il y a eu le Boultek, le centre de musique actuelle, sans doute le premier du monde arabe. C’est une vraie évolution du L’Boulevard qui était sans domicile fixe en 2005 et qui aujourd’hui, a trouvé grâce aux dirigeants du «Technopark», un lieu où la création au Maroc n’est pas juste liée à un événement par an, mais quelque chose qui puisse durer toute l’année, avec un travail avec les musiciens, une professionnalisation. Un élément essentiel auquel on ne pense jamais : les musiciens pour créer, il faut qu’ils puissent répéter. Et puis en 2009, ça était magique. Il y a eu aussi les abattoirs de Casablanca, une première en Afrique. C’est extraordinaire et ça se passe ici à Casablanca. Et puis dans un mois, on va assister dans cet espace à la deuxième édition des Transculturelles.

Ce sera quoi la suite de Casanayda ?
Justement je suis en train d’y penser. Je vais partir dans de nouveaux lieux. Le Bouletek, les abattoirs et voir la relation entre ces lieux et une façon de parler, une façon de créer pour montrer que vraiment la scène d’aujourd’hui est une scène urbaine située dans la ville, et à Casablanca en particulier. Je vais travailler sur la façon de parler des jeunes sur Casablanca, le parler de Nayda et puis voir s’il y a des différences d’un quartier à l’autre de Casablanca, si on parle pareil à Hay Mohammadi, qu’à Roches Noires, qu’à Médina Kdima ou Sbata… Ce sera sûrement un livre. Et puis j’espère faire un film. Peut-être l’année prochaine.

Êtes-vous toujours convaincue par le terme «Nayda » ?
Moi j’aime beaucoup le thème «Nayda» et ce qu’il représente, c’est-à-dire l’idée que quelque chose se lève, bouge. Il y a des gens qu’ils l’ont utilisée pour des trucs commerciaux. Cela n’empêche que moi, je continue à le garder, mais en le définissant. D’abord, c’est l’indépendance. Et ça c’est rare. Un festival comme le Boulevard c’est un festival indépendant, effectivement il a besoin de sponsors pour pouvoir fonctionner, mais aucun ne s’abroge le droit de lui dicter ses choix. Une autre attitude qui a beaucoup importante pour moi, c’est un attachement très fort au pays, mais ce n’est pas le nationalisme. C’est que des gens sont en train de changer, de cesser d’être des sujets pour devenir des citoyens, des gens qui se prennent en main et qui quand ils ont des choix, ils les assument.

Comment est perçu ce mouvement à l’étranger ?
Moi je fais beaucoup de projections du film Casanayda avec des discussions et à chaque projection je dis aux gens «Attention vous allez voir une image très différente de tous les clichés que vous pouvez imaginer sur le Maroc ». Et à chaque fois, il y un grand étonnement et je crois que ça donne de l’espoir. Il y a ailleurs une espèce d’admiration. Il y a quelques choses ici qui se font aujourd’hui au Maroc et qui ne se font plus ailleurs, en Europe on a dépassé ce stade. On n’a plus l’esprit audacieux, créatif. C’est vrai que quand, on vient ici, on sent que le mouvement n’est pas aussi grand qu’on le pensait. Il y a des artistes qui sont beaucoup plus dans une réflexion par rapport à leur cachet que de vouloir faire bouger les choses. Mais, je pense moi qui connaît le Maroc depuis trente ans que beaucoup de choses ont énormément changé. Et il y a beaucoup d’espoir dans la jeunesse, et dans cet esprit de liberté.

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