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Tiken Jah Fakoly : Françafrique
Le charismatique Alpha Blondy n’a pas de soucis à se faire: la relève est assurée et elle s’appelle Tiken Jah Fakoly ! Comme son aîné et mentor, ce descendant de griot mandingue mêle musique et politique et fait figure de trublion en Côte d’Ivoire, l’autre pays du reggae. Farouche opposant au régime de Henri Konan Bédié, et porte-parole de toute une jeunesse bridée, son rôle dans la prise du pouvoir du général Gueï en 1999 fut important. Le reggae devint l’outil de revendication du peuple, Tiken Jah Fakoly un homme incontournable, et la Côte d’Ivoire une véritable "reggaecratie". Après Cours d’histoire et Mangercratie, il revient avec un nouveau titre néologique et pamphlétaire : Françafrique. Gros son, invités prestigieux (Anthony B, U Roy), critiques réfléchies : le fond est aussi prenant que la forme. Tiken Jah Fakoly et Françafrique rappellent les meilleures heures du reggae ivoirien, celles de la grande époque du grand Alpha et de Jerusalem.
Reggae. Réveillez-vous ! C’est par ces deux mots que commence ce troisième album (pour l’Europe) de Tiken Jah, s’adressant aussi bien à ses compatriotes Ivoiriens et Africains, qu’à son public européen et français en particulier. Car le combat de Tiken Jah Fakoly n’est pas seulement musical, mais aussi politique. Le titre de cet opus, Françafrique, est d’ailleurs suffisamment explicite, la France, ses barbouzes et ses compagnies pétrolières, est responsable des troubles qui surviennent périodiquement dans l’ouest africain, et c’est ce que dénonce Tiken Jah. Côté musique, ce dernier pour Françafrique, s’est entouré de la crème des musiciens jamaïquains : les duettistes Sly & Robbie à la rythmique, Earl Smith à la guitare et Tyrone Downie aux claviers et à la production. Un troisième opus pour ce rebelle tranquille qui pourrait bien être celui de la consécration en France, l’Afrique et la Côte d’Ivoire en particulier lui étant d’ores et déjà acquises.

Cat power : you are free
Trois ans après le disque de reprises The Covers Project sur lequel elle se frottait courageusement aux mythes du Velvet Underground, de son contemporain Smog ou des Rolling Stones, Chan Marshall nous revient. Cette fois-ci avec du matériel original. Soit quatorze titres qui la voient tour à tour juguler ses penchants dépressifs sur des titres relevés ("Free" ou "He War") ou, au contraire, retourner le couteau dans ses plaies ("Fool"). Sa voix frêle et torturée fait toujours autant merveille et les instrumentations viennent souvent racler la substance même de chansons qui n’ont pas besoin de plus pour émouvoir. Ce qui n’empêche aucunement la dame de couvrir un beau panel d’orchestrations. Des guitares bien sûr, mais aussi des cordes ou des pianos viennent réceptionner ces complaintes. Disque d’ouverture, sans dilution, You Are Free fait rayonner le talent de Chan Marshall et irradie par sa profonde mélancolie.
Qu’elle soit accompagnée d’un simple piano, d’une guitare, ou même soutenue par une rythmique plus électrique, Chan Marshall dispense la même émotion. Cat Power est le nom derrière lequel se cache cette jeune sudiste depuis le début, et pour ce 6e album sous ce masque presque transparent, elle a fait appel à Adam Kasper pour la production. Lui qui s’est fait un nom avec des groupes plus électriques comme les Foo Fighters utilise.

Stills : Déjà vu
Parmi les différents albums de CSN&Y, Déjà Vu est celui qui atteint la perfection. Outre qu’il reflète le rêve convivial de la "Woodstock Nation", il témoigne de la formidable puissance créatrice des quatre musiciens qui n’entame en rien la personnalité propre à chacun. Que ce soit "Woodstock", "Teach Your Children", "Almost Cut My Hair" ou "Helpless", que les morceaux soient acoustiques ou électriques, Déjà Vu, magnifié par des harmonies vocales qui donnent de la substance à ce que représente le mythe californien, sonne comme l’un des plus lumineux témoignages de l’humanisme contre-culturel. Un chef-d’oeuvre indémodable qui a influencé et continue d’influencer un nombre incalculable de compositeurs à travers le monde!

Janis Joplin : Cheap Thrills
Un des albums les plus attendus de l’histoire du rock, le premier album de Big Brother & The Holding Company sur une major en 1968 (ils avaient sortis auparavant des enregistrements ne bénéficiant pas d’une bonne production pour le label Mainstream) profita de tout le tapage généré par l’incroyable performance de Janis Joplin au festival de Monterey l’année précédente. Il est couronné par son single, une reprise bouillonnante de "Piece Of My Heart" de la soeur d’Aretha Franklin, Erma. Le disque contient également la chanson de clôture de Janis Joplin à Monterey, "Ball And Chain" de Big Mama Thornton, ainsi que le classique de Gershwin, "Summertime", sur lequel le groupe toujours sous-estimé de Joplin (particulièrement les guitaristes Sam Andrews et James Gurley) sont à la hauteur de son intensité vocale avec leur propre jeu féroce. Cette réédition renferme deux enregistrements inédits ("Roadblock" et "Flower In The Sun") et quelques extraits de concerts jusque-là inconnus ("Catch Me Daddy" et "Magic Of Love"), tous de 1968.

Ben Harper : Bushfire Fairytales
Tout de suite on pense à Ben Harper. Ce doit être le soleil qui leur fait ça… Qui les rend cool, leur donne ce sourire dans leur musique. Car celle de Jack Johnson a ce côté décontracté, en même temps nostalgique, d’une époque insouciante où les lendemains chantaient encore. Ben Harper est d’ailleurs un invité de passage sur ce premier album, signé d’un chanteur précédemment tourné vers le cinéma. On pourra le trouver bluesy, funky ou tout simplement relâché, cet album vous sourit et vous masse la nuque, comme des vagues qui lèchent le sable. C’est sur celui de son île de Hawaï que Jack Johnson a composé la plupart des chansons de "Bushfire Fairytales". D’où sans doute cette tranquillité apaisante qui en émane, celle du surfeur qui attend son heure. Le surfeur qu’il fut d’abord invente ici une surf music ultra-cool, fille spirituelle de Jimmy Buffet des années 70.

Platine
Après un album de réenregistrements de ses succès il y a une demi- décennie, un des plus grands fantaisistes contemporains nous propose enfin une compilation de versions originales, toutes maisons de disques confondues (Polydor, Trema, Le Verger, sa propre production). S’y nichent des perles : son premier enregistrement en 1956-1957 "Escamillo" et le succès multiartiste de l’époque Julie (signé Datin et Vidalin), également l’adaptation qui devient son premier tube en 1959 "Tout doux", "Tout doucement", suivi en 1960 d’une autre adaptation tubesque "Bleu, blanc, blond". Après deux nouvelles chansons américaines, à nouveau adaptées par Jean Dréjac (l’auteur du "Petit Vin blanc") : "La Chanson du grillon" et "Dans le cœur de ma blonde" (1961), Marcel connaît son premier succès avec une chanson française signée Aznavour "Un Mexicain" (1962). C’est en 1965 qu’il commence à écrire des chansons mais sans grand succès.

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