Culture

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 Teofilo Chantre : Azulando
On ne fait pas partie de l’entourage immédiat de Cesaria Evora par hasard. Ni impunément. Teofilo Chantre appartient au cercle. Depuis les premiers enregistrements de la diva capverdienne, le chanteur guitariste compositeur imprime même sa marque dans le paysage de Cesaria. Qui le lui rend bien à la première occasion, comme ici dans le paisible duo "Mãe Pa Fidje". Téofile Chantre peut revendiquer un style caractéristique qui puise dans la morna des confins atlantiques, des racines fortes. Mais il y ajoute ses autres brises intérieures.
Et en lui soufflent les 4 Vents. Une mélancolie qui prend la forme de ces colorderas où il balance ses accords tout en nonchalance ("Bola Azul"). Mais qui sait accueillir le visiteur avec la générosité des exilés. Ainsi de cette chanson en français composée par Marc Estève, l’auteur des chansons de Art Mengo ("Des bleuets dans les prés"). La douceur languide de sa voix aide à apaiser la tristesse bleutée de la saudade ("Vadiamundo"), car la bossa-nova et ses accords malins ne sont jamais loin. Pour ce quatrième album en solo, Teofilo Chantre opte pour les tons pastel des soirées sous la lune. Des couleurs qui sont aussi celles de ses chansons.


Carlos Santana : Supernatural
Il est parfois difficile de comprendre les aléas d’une carrière musicale. Après avoir enflammé le début des années 70 en fusionnant le rock et les rythmes latins en public à Woodstock ou sur de mythiques albums comme Abraxas et III avant de se passionner pour le jazz rock dont Love, Devotion, Surrender en hommage à Coltrane est un des fleurons, Carlos Santana connaît un long passage à vide émaillé de disques moyens qui s’achève par un come-back aussi inespéré qu’inattendu avec le remarquable Supernatural.
L’engouement pour Cuba et l’ascension au sommet des charts internationaux de Compay Segundo comme le succès du film "Buena Vista Social Club" y sont certainement pour quelque chose dans le retour de cet exceptionnel guitariste. Même s’il n’est pas un des pionniers du son cubain mais un des vulgarisateurs de sa fusion à d’autres sauces non moins épicées, ses rythmes latins sont convaincants et son honnêteté, indéniable. Point d’opportunisme dans sa démarche : Carlos Santana est habité par sa musique et la joie qui s’en dégage encore en 1999 est.supernaturelle ! À n’en pas douter, elle vous collera des fourmis dans les jambes. 


 Mano Negra : best of
Alors que les grandes maisons de disques françaises en sont encore à espérer signer les prochains Téléphone, une scène indépendante grandit dans l’ombre, au début des années 80. C’est de ce terreau fertile qu’émergeront notamment Bérurier Noir, les Garçons Bouchers et la Mano Negra. Plus que toute autre formation, le groupe polyglotte de Manu Chao se fait l’écho d’un Paris résolument métissé. En français, en anglais ou en espagnol, la Mano incite à la fiesta avec son melting-pot aventureux de rock charnu, de rythmes latino, de reggae, de ska, de raï et de hip hop. On retrouve tout au long des 24 titres (dont deux inédits) de cette ample anthologie la générosité et le plaisir de jouer d’un collectif qui se dépense sans compter, et sait recréer en studio l’ambiance de folie de ses légendaires prestations scéniques. Un antidote tout trouvé au vague à l’âme et aux chutes de tension.


Radio Tarifa : Rumba Argelina
L’authenticité est une question délicate dans le monde de la musique pop. Sur Rumba Argelina, le guitariste et compositeur Fain Dueñas, le joueur d’instruments à vent Vincent Molino et le chanteur Benjamin Escoriza, le noyau dur du groupe espagnol Radio Tarifa, mélangent la musique nord-africaine, le flamenco, un soupçon de rythmes du Nouveau Monde, principalement en provenance de Cuba, avec une approche pop contemporaine. De façon surprenante, le résultat sonne naturel, même si certains mélanges sont assez déroutants. "Oye China" suggère un son ou une guajira, jusqu’à l’arrivée d’un accordéon et d’un mystérieux instrument à vent (bansuri !). La chanson évolue alors vers un vallenato. "Soledad" fait allusion au flamenco, mais également à Brian Eno. Mais, comme Dueñas & Co. la définissent, cette musique est une musique de frontières, la musique d’une station de radio imaginaire qui se trouverait à Tarifa, à l’extrême sud de l’Espagne. Ce que cette musique suggère dépend un peu de vos références. Mais laissons cela aux musicologues. Rumba Argelina reste une expérience délicieuse, riche et sensuelle, la meilleure façon de voyager tout en restant assis dans son fauteuil.

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