A Celebration Of Latin Jazz : Jam Miami
Depuis quelques années, le jazz latino a droit de cité en tant que tel et les nombreux enregistrements réalisés par les précurseurs, devenus les bons génies du genre, en ont fait un style à part entière. L’idée première de Dizzy et de Chano Pozzo a fait son chemin et semble aboutir ici dans cette réunion de stars du latino-jazz. Arturo Sandoval, Claudio Roditi, Hilton Ruiz, Steve Turre, Ray Vega, Pete Escovedo, Oscar D’Leon pour ne citer qu’eux, accompagnés par quelques belles pointures "nordistes" à l’image de Chick Corea ou de Tim Garland, s’en donnent à coeur joie d’une fantaisie cuivrée et percussive sur des thèmes locaux sans oublier l’inévitable "Night In Tunisia". Même si l’ensemble a des relents du United Nation Orchestra du regretté Dizzy (mais n’est-ce pas une solide parenté ?), il en ressort une fraîcheur et une spontanéité joviales. Cette grande formation baptisée Latin Jazz All Stars Big Band répond à l’attente, ça virevolte, c’est exubérant et le tout dans un ensemble parfaitement rythmé. Jam Miami c’est le carnaval de Rio sur fond de jazz, une redoutable machine qui use de la sauce latino, servie par une brigade couleur locale qui prend manifestement plaisir à faire monter la mayonnaise.
The Girl From Ipanema : The Bossa Nova Years

Regroupés pour la première fois dans un luxueux coffret, voici assurément les disques qui, aujourd’hui encore, même s’ils ne constituent qu’une parenthèse miraculeuse dans sa longue carrière, continuent d’assurer au saxophoniste ténor, Stan Getz, une renommée internationale dépassant de très loin la simple sphère du jazz. Il faut dire que, entouré des plus grands noms de la musique brésilienne d’alors (Carlos Jobim, Astrud et Joao Gilberto, Luis Bonfa…), Getz fait spontanément preuve d’une intelligence musicale confondante, au point de synthétiser dans son jeu de saxophone, les caractéristiques stylistiques de la bossa nova pour les mener à leur plus haut degré de perfection. Une sonorité suave et envoûtante, une façon nonchalante et détachée de se poser sur le rythme, une imagination mélodique débordante en arabesques légères : Stan Getz n’allait plus jamais pouvoir se libérer de ses propres sortilèges.
Michel Grailler : Dream Drops

Un des rares enregistrements de Michel Graillier, un disque de 1981 dans lequel les musiciens qui l’accompagnent ont presque tous disparu. Dream Drops est pourtant loin d’être triste. Il décline d’impressionnants paysages musicaux, des moments de pure tendresse, s’attache à nos oreilles pour ne plus les quitter. Quelques duos magnifiques, avec Chet Baker ("Dream Drops"), Michel Petrucciani ("Little Song"), le bassiste Jean-François Jenny-Clark ("L’Étranger"), une plage en trio avec ce dernier et Aldo Romano ("Nem Um Talves"), de fugitives rencontres, aussi précieuses qu’intemporelles. Le reste de l’album est un face à face avec lui-même. Piano acoustique et électrique, synthétiseur (juste pour la couleur), Michel Graillier invente là un univers où le lyrisme y tient une large place. Ses claviers chantent une céleste musique, d’inoubliables mélodies à écouter.
Aldo Romano : Because of Bechet

Batteur instinctif, vocaliste à ses heures, poly-instrumentiste à l’occasion, compositeur de talent, Aldo Romano est resté très jeune d’esprit et de cœur. Au point de revenir à Bechet (une des sources majeures du jazz en général et du jazz français en particulier) avec un émerveillement d’enfant, un enthousiasme d’adolescent et un attirail de machines sonores qu’affectionne la nouvelle génération de jazzeux pétris de groove, de dub et autres drum’n’bass.
Explorant les traces laissées par l’ancêtre et prolongeant les pistes qu’elles indiquent et les directions qu’elles pointent, le batteur-leader batifole en excellente compagnie sur les terres jadis défrichées par le saxophoniste clarinettiste. Tradition réinjectée dans la modernité qui, dans le même mouvement, la revitalise : Romano a merveilleusement compris Bechet et nous révèle la vitalité mélodique de son héritage sous un éclairage totalement inédit.