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Ben Harper : Welcome to the cruel World
Bien qu’adoptant un style (le blues) largement familier au public, Ben Harper fit en sorte dès ce premier album de l’aborder avec une fraîcheur et une inventivité bouleversante. De telle sorte que très vite, cette musique balisée devint entre ses doigts un hybride, évoluant vers des genres étrangers. Ben Harper fonde Welcome To The Cruel World sur un travail remarquable à la guitare slide, qu’il va soutenir d’une voix capable de métamorphoses étonnantes, un peu à la manière d’Aaron Neville ("Breakin’Down") en montant dans les aigus pour mieux jouer du vibrato. Cette guitare, un dobro ou une Weissenborn, investit l’espace sonore en compagnie de percussions caractéristiques, ceci pour habiller les chansons de révolte de cet artiste en colère, à la frontière de l’imprécation mystique. Harper est capable d’une déroutante versatilité, au détour d’un thème sobre ("Waiting On An Angel") il va se montrer bouleversant de proximité, l’instant d’après il capte une rythmique entre cajun et reggae. Ainsi, au fil des titres, l’album s’avère d’une grande richesse. Il signalait un artiste doté d’un potentiel considérable. La chose fut vérifiée par la suite.


J J Cale : Closer to you
Si J.J. Cale est l’antithèse de la rock-star, chaque sortie d’album n’en est pas moins saluée comme un événement. Closer To You, qui date de 1994, n’a pas échappé à la règle. Ce grand maître du picking, on le sait, a influencé Eric Clapton et Mark Knopfler, et s’avère même être l’idole de Gaz Coombes de Supergrass. En revanche, on n’a peut-être pas insisté assez sur ses talents de chanteur. Sa voix grave, détendue, savoureuse comme
un breuvage sudiste, glisse de façon naturelle sur une orchestration où tout est suggéré plutôt qu’affirmé. À cet égard, Closer To You est l’un des meilleurs albums de J.J. Cale. De "Long Way Home" à "Steve’s Song", le guitariste-chanteur joue sa musique entre blues et rock, entre jazz et country, avec la même décontraction qu’aux premiers jours.


Black Sunday : Cypress Hill
En 1993, le gang de Latinos enfumés de Los Angeles délivrait ce deuxième album dur comme le roc (ou plutôt le marbre funéraire), annonçant clairement leur intention dès le morceau d’ouverture : "I Wanna Get High". A coups de notes de contrebasse filtrées, de hululements inquiétants et de samples de Lou Donaldson, Black Sabbath et Dusty Springfield, DJ Muggs installe un climat délétère conçu pour faire frissonner l’auditoire. Outre les classiques "Hits From The Bong" et "I Ain’t Goin’ Out Like That" (exceptionnellement produit par T-Ray), le bondissant et fracassé "Insane In The Brain" a imposé cet opus qui confirmait l’originalité de Cypress Hill, séduisant trois millions et demi d’acheteurs à travers le monde.


JohnNy Cash : At Folsom Prison
Johnny Cash est plus qu’un simple chapitre de l’histoire de la country music. Briseur de barrières toujours prêt à marcher sur les santiags de Nashville, il est déjà le mythique Man In Black (l’Homme en noir) lorsque sortent ces deux albums. Deux live (réunis ici sur un seul CD) n’ayant rien de banal puisque enregistrés dans les pénitenciers de Folsom (1968) et de San Quentin (1969). Là, face à un auditoire en mal de divertissement, Cash déballe avec une fulgurance extrême ses hymnes carcéraux ("I Got Stripes", "San Quentin", "Folsom Prison Blues", "Cocaine Blues", "25 Minutes To Go"…), mettant son public dans une transe à la limite de la mutinerie.
La sensation est tétanisante et fait de ce CD un must non seulement pour les amateurs de country mais pour tout auditeur sensible au moindre anticonformisme. Avec l’un des plus grands live de la musique populaire, le mythe Johnny Cash prend une dimension supplémentaire, qui s’amplifiera les mois suivants lors de sa collaboration avec Dylan.

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