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Carlos Santana : Supernatural
Il est parfois difficile de comprendre les aléas d’une carrière musicale. Après avoir enflammé le début des années 70 en fusionnant le rock et les rythmes latins en public à Woodstock ou sur de mythiques albums comme Abraxas et III avant de se passionner pour le jazz rock dont Love, Devotion, Surrender en hommage à Coltrane est un des fleurons, Carlos Santana connaît un long passage à vide émaillé de disques moyens qui s’achève par un come-back aussi inespéré qu’inattendu avec le remarquable Supernatural . L’engouement pour Cuba et l’ascension au sommet des charts internationaux de Compay Segundo comme le succès du film "Buena Vista Social Club" y sont certainement pour quelque chose dans le retour de cet exceptionnel guitariste. Même s’il n’est pas un des pionniers du son cubain mais un des vulgarisateurs de sa fusion à d’autres sauces non moins épicées, ses rythmes latins sont convaincants et son honnêteté, indéniable. Point d’opportunisme dans sa démarche : Carlos Santana est habité par sa musique et la joie qui s’en dégage encore en 1999 est…supernaturelle ! À n’en pas douter, elle vous collera des fourmis dans les jambes !


Ali Farka Toure : talking Timbuktu
Ali Farka Toure raconte que la première fois qu’il a entendu John Lee Hooker, il a cru que c’était un Malien. Tel un Monsieur Jourdain de la world music, il jouait donc du blues sur sa guitare électrique, discrète sans s’en rendre compte. Cela n’a pas échappé, en revanche, à Ry Cooder, grand traqueur de cousinages musicaux à travers le monde (cf. le Buena Vista Social Club ). Ce dernier a convié le guitariste malien à passer quelques jours en studio avec lui et des pointures du jazz et du blues comme le bassiste John Patitucci et le guitariste Clarence "Gatemouth" Brown. Il l’a laissé, tranquillement, dérouler ses arpèges sensuels et lancer des apostrophes de sa voix grave. On reconnaît le jeu aérien de Paris Texas, mais de loin en loin, comme on entend parfois un invité relancer la conversation pour marquer sa gratitude. Et si, comme sur "Amandrai", Farka Toure donne l’impression de fouler les berges du Mississippi, il le fait de son plein gré, sans tomber dans le piège du pastiche ou du blues à gogo.


Miles Davis : Kind of blue
Sans le piano de Bill Evans, Kind Of Blue allait perdre une bonne partie de sa magie. Miles Davis le pressent. Il envisage de bâtir entièrement son album sur des modes et rappelle donc son ex-pianiste, plus au fait des arcanes de cette musique que Wynton Kelly, son successeur. Enregistré en mars et avril 1959, Kind Of Blue est l’un des plus grands disques de jazz de tous les temps. La culture classique tient une place importante dans le piano d’Evans qui apporte "Blue In Green" que Miles remanie, s’en attribuant la paternité. Le trompettiste prétendit avoir cherché à retrouver le son des blues et des gospels qui marquèrent certains épisodes de son enfance, mais aussi la sonorité fluide de la sanza, un instrument africain dans "So What" et "All Blues". Il lui fallait les grands musiciens que sont Bill Evans, John Coltrane et Cannonball Adderley pour traduire ces sensations concernant son vécu, s’éloigner du hard-bop et ses inévitables contraintes harmoniques et entrevoir un jazz plus souple et plus bleu.


Carlos Santana : Live
Totalement sous-estimé, ce disque l’est, comme si aucun critique n’avait pris la peine de l’écouter en entier. Pas plus d’ailleurs que ceux qu’il réalisa en dehors de Santana entre 1972 et 1974, avec John McLaughlin et Alice Coltrane. Alors que le jazz rock fait fureur, Carlos Santana enregistre live avec le batteur d’Hendrix, Buddy Miles. Ecoutez les 25 minutes de "Free Form Funkafide Filth": cela pourrait pratiquement être du Sly Stone voire du Miles Davis période On The Corner . Rhodes, cuivres, rythmique funky, pédale wah wah, volutes psychédéliques: tout est là pour faire de ce morceau (sinon du disque en entier, certes) un trip hallucinant.

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