ALM : Votre premier roman « Kiffe Kiffe demain » vient de paraître en septembre 2004 dans les éditions Hachette littératures. A 19 ans, d’où vous est venue l’idée de publier cet ouvrage ?
Faiza Guène : « Kiffe Kiffe demain » est un texte que j’ai commencé à écrire depuis que j’étais toute petite dans le cadre d’un atelier d’écriture audiovisuelle. Cet atelier est organisé par l’association « les en graineurs » qui se trouve dans ma cité Pantin. Au fur et à mesure, j’y ajoutais des phrases et des lignes. Au départ, le texte était destiné à un court-métrage. Ce fut une écriture de scénario, dans le but de réaliser un court-métrage. Une fois que mon texte a atteint un total de 130 pages, le président de l’Association a fait lire le récit à l’éditrice d’Hachette qui a beaucoup aimé et qui lui a demandé si je voulais le publier. En me posant la question, j’ai tout de suite accepté sans hésitation. Mais ceci dit, j’ai accepté sans réaliser ce que ça impliquait.
Vous voulez dire que vous ne vous y attendait pas du tout ?
Exactement. J’ai écrit Kiffe Kiffe demain en m’amusant. Je ne l’ai pas écrit dans le but de le publier. D’ailleurs, cette idée ne m’a jamais traversé l’esprit. A la limite je voyais ce texte adapté plutôt pour un court-métrage que pour un roman. C’était d’ailleurs dans ce but que j’ai écrit ce texte, pour le filmer et non pour le publier.
Est-ce pour cette raison que « Kiffe-Kiffe demain » est écrit d’une manière très imagée. Le lecteur a l’impression qu’il regarde un film. Est-ce un nouveau style d’écriture que vous venez d’inventer ?
Oui en effet, le style d’écriture de ce premier long métrage se rapproche beaucoup de celui qu’on utilise pour le cinéma. C’est d’ailleurs pour cette raison que mon écriture est très imagée. Comme je l’ai indiqué plus en haut, le récit de « Kiffe kiffe demain » était prédestiné au départ à être adapté au cinéma dans la réalisation d’un court-métrage. « Kiffe Kiffe demain » n’est pas littéraire, il se situe entre cinéma et écriture.
Est-ce que dans ce cas vous avez été beaucoup plus libre étant donné que vous avez eu moins de contraintes littéraires et que vous utilisez même un langage familier propre à la vie de quartier ?
Oui c’est sûr, je ne vais pas le nier. Je ne pensais pas que « Kiffe Kiffe demain » allait être publié, c’est pour cela que j’ai écrit ce roman d’une manière très spontanée et très libre aussi. J’utilise une écriture très imagée, par séquences et sans contraintes littéraires aucune.
Vous êtes née vous-même dans une banlieue parisienne, vos personnages sont puisés dans les cités et les HLM. Jusqu’à quel point votre vie vous a-t-elle influencée dans l’écriture de Kiffe Kiffe demain ?
Mon premier roman n’est pas une autobiographie. Mais ceci dit, les personnages de « Kiffe Kiffe demain » sont puisés dans mon univers quotidien. Ce sont des personnages très caractéristiques des cités et qui ont des vies plus ou moins stéréotypées, marquées par des problèmes liés à l’adolescence. « Kiff Kiffe demain » c’est justement l’histoire d’une adolescente Doria. Celle-ci a 15 ans et vit seule avec sa mère dans un appartement de la banlieue parisienne. Elle décrit son univers partagé entre ses rêves, sa réalité et la télévision. Mais contrairement à moi, Doria vit seule avec sa mère, son père étant parti refaire sa vie au Maroc avec une autre épouse.
«Kiffe Kiffe demain» a eu un succès mondial depuis sa sortie en septembre 2004. Comment vivez-vous cette réussite ?
J’aimerais dire que je ne suis pas du tout impressionnée. Je suis surprise, mais ma vie n’a pas changé pour autant. Je vis exactement comme avant. Je n’aimerais pas non plus que ce succès me monte à la tête. Ceci, tout en sachant que publier un seul bouquin n’est pas toute une vie. Il se peut réellement que je me retrouve dans un autre chemin loin de l’écriture. Je ne sais pas ce que me réserve l’avenir, donc je préfère ne pas fonder trop d’espoirs sur ce succès littéraire, je préfère rester calme.