Culture

Elle retrouve la lumière au Comptoir des Mines Galerie: La pionnière Latifa Toujani célébrée à Marrakech

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Jusqu’ au 15 juillet 2025, le Comptoir des Mines Galerie à Marrakech consacre une exposition à Latifa Toujani, l’une des grandes figures de l’art contemporain marocain.

L’une des icônes de l’art contemporain marocain. Son art est d’emblée très imprégné d’une condition sociale qu’elle raconte et notamment la place des femmes au sein de la société marocaine. Éclipsée de la scène à partir des années 2000, déçue par des malversations et par une scène artistique qui, trop souvent, marginalise ses voix les plus authentiques. Latifa Toujani retrouve aujourd’hui la lumière. Elle est honorée au Comptoir des Mines Galerie basé à Marrakech en lui consacrant une exposition inédite «Latifa, Pionnière Aussi !». «Encore peu de gens dans les cercles ou les circuits de l’art au Maroc connaissent vraiment cette artiste qui apparaît de manière disparate dans certaines grandes manifestations de l’art marocain au courant des années 70 et qui exposera pour la dernière fois ses travaux à la Galerie Bab Rouah de Rabat en 1999, et la même année durant la saison culturelle «Temps du Maroc» au Musée de Nancy», lit-on dans le catalogue de l’exposition.
Latifa Toujani présente les différentes recherches qu’elle a menées entre 1970 jusqu’au début des années 2000. Le projet s’appliquera à présenter les différentes voies et médiums qu’elle a explorés durant 3 décennies. Cette exposition est un hommage appuyé à l’artiste qui invite aussi à la relecture de l’histoire de l’art de notre pays avec un certain retard et un prisme féminin.

Le travail photographique de Latifa Toujani entamé, à la fin des années 1970, est absolument saisissant et démontre le courage dont elle a fait preuve à se rapprocher autant de certaines confréries et pratiques spirituelles au Maroc, comme le travail sur les textiles et gravures entre 1974 et 1990. Seule femme marocaine présente à la Biennale Bagdad en 1974 on lui doit des œuvres emblématiques présentes aujourd’hui parmi les collections les plus importantes du monde arabe et du Maroc. « Latifa, Pionnière Aussi ! » est un voyage à travers les chemins de la modernité artistique arabe où se croisent poètes, influences politiques et sociales qui ont traversé les années 70 et 80 de Rabat à Bagdad et de Beyrouth à Damas. « Latifa, Pionnière Aussi ! », une exposition individuelle de Latifa Toujani. Latifa Toujani est issue d’une famille traditionnelle de Fès. Elle se passionne pour le dessin et la littérature arabe dès le lycée, à Oum El Banin, réservé à l’époque à une élite.

Cette littérature de l’exil nourrit son intérêt pour cette région du monde et son histoire tumultueuse. Elle présente ses premiers dessins à Mohamed Bennani, peintre et délégué à la jeunesse et aux sports à Fès, qui l’encourage à poursuivre son travail. Elle commence à peindre à Lille entre 1965 et 1968, puis continue après s’être installée près de Bab Rouah à Rabat vers 1969. Elle y découvre les expositions de grands artistes marocains, dont Ahmed Ben Driss El Yacoubi, et rencontre Larbi Belcadi, Moulay Hmad Drissi, Mekki Murcia et Mohammed Kacimi.

Une artiste engagée
Sa peinture s’impose sur la scène marocaine, où elle se distingue des autres femmes artistes de son temps à partir de 1970. Elle n’évoque pas des scènes de la vie traditionnelle comme Meriem Meziane ou des expressions «figuratives» proches de l’art brut comme Chaïbia Tallal.
Très tôt, elle représente la Palestine dans son œuvre, avant même qu’elle ne rencontre Mohamed Melehi en 1971 et Mahmoud Darwich en 1972. C’est par l’intermédiaire de Wassif Mansour, attaché culturel palestinien à Rabat, qu’elle gagne l’amitié et la considération de Mahmoud Darwich, qui la recommande au peintre Ismail Shammout lors de sa venue à Rabat en 1973. Elle est l’un des membres fondateurs de l’AMAP, l’Association marocaine des artistes plasticiens, en 1972. Elle réalise sa première grande exposition personnelle à la galerie Bab Rouah à Rabat en 1973 où elle retrouve son amie d’enfance, Latifa Mernissi. Elle est la seule femme artiste marocaine à participer à la Biennale de Baghdad en 1974, où elle est reconnue par ses pairs arabes. Elle se rend ensuite en Autriche, où elle étudie la gravure avec Rafa El Nasiri à l’Académie des beaux-arts de Salzbourg. Elle est la seule femme artiste marocaine à participer à la grande exposition itinérante « Palestine » entre Rabat, Alger et Tunis de mars à mai 1975 et participe la même année avec Fatima El Mernissi à la rédaction d’un manifeste réclamant plus de droits pour les femmes au Maroc.

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