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Enquête : Le commerce illicite profite du paradis des plantes médicinales

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L’usage thérapeutique des plantes remonte loin dans  l’histoire de l’homme. De très célèbres médecins ont consacré l’essentiel de leurs travaux  à l’expérimentation et à  l’exploitation  thérapeutique des plantes et tenté  d’en expliciter leurs vertus. De nos jours on assiste à un  net regain d’intérêt pour la phytothérapie sous une double influence. Les nouveaux apports dus essentiellement aux récentes recherches scientifiques qui mettent en exergue l’usage médicinal des plantes et le recours de certains  malades aux thérapeutiques douces chaque fois que celles-ci peuvent  être suffisantes pour les soigner efficacement.
Au Maroc la pratique de la médecine traditionnelle fait partie de nos habitudes thérapeutiques grâce notamment aux apports d’herboristes de renom. Haj Lahcen Akouchar d’Agadir,  Haj Abdellah de Tanger et Saïd Aadel   sont connus à travers tout le territoire national pour leur savoir-faire.
Selon la terminologie commune un spécialiste en plante médicinale s’appelle  herboriste. Ce dernier doit être   en mesure  de cultiver, récolter, sécher et conserver des plantes médicinales en vue d’en extraire les propriétés curatives et surtout préventives. Il doit pouvoir conseiller celles-ci à ses consommateurs, tout en  complétant ses propres produits par des préparations réalisées en laboratoires extérieurs. Il doit connaître parfaitement les produits qu’il vend, les plantes et leurs effets de manière à bien conseiller ses clients. Il doit réactualiser ses connaissances en botanique et en biochimie végétale, connaître les formules et les dosages.
Les herboristes ont développé au fil du temps la phytothérapie qui est une  médecine originale qui soigne par les plantes. Ainsi des remèdes étaient et sont proposés comme stimulant général, balsamique, expectorant, antiseptique intestinal et pulmonaire ou pour traiter les maladies infectieuses, diurétique, vermifuge, bactéricide, mycose.
Cependant, les plantes médicinales ne sont pas toujours dénuées de risques et l’appât du gain a engendré des  dérapages phytothérapiques. Selon le corps national des herboristes du Maroc, plus de dix personnes décèdent chaque année à cause d’une mauvaise utilisation ou composition de laboratoires non brevetés  et  qui ne répondent à aucun critère de contrôle médical.  Cela a fait que des centaines d’herboristes grossistes font plus de 20 000 dirhams  de bénéfice quotidiennement.  Des chiffres et des sommes colossales qui attirent toutes les convoitises et qui ont fait de cette activité un domaine  envahi par des personnes qui n’ont rien à voir avec la phytothérapie. 
Des herboristes, sans parfaite maîtrise de la médecine traditionnelle, jalonnent villes et souks pour  vendre des comprimés ou sirops  fabriqués par leurs propres soins ou importés du Proche-Orient.
Des  produits, qui échappent souvent  à tout contrôle analytique des médicaments et de la réglementation  sur leur qualité. En plus, ils  sont vains ou nocifs  pour les consommateurs. Il y a aussi des pâtes à base de fenugrec (Halba) , de cumin noir ou du gingembre  qui sont  vendues à Nador, Bouarfa, Errachidia, Fès, Marrakech et Ouarzazate  par des herboristes ambulants et qui n’ont aucun effet thérapeutique.
Les boîtes d’emballage sont contrefaits à Oujda, Casablanca et Marrakech  et distribuées  à travers tous le pays. Or tout médicament à base naturelle ou chimique a besoin d’une licence de vente délivrée par des laboratoires officiels à l’instar du labo de Casablanca qui est accrédité par le ministère de l’Agriculture et qui est de renommée internationale. 
La duperie vient aussi du fait qu’il y a des traitements pour l’asthme à base de poudre de ventoline mélangée avec le chardon glu  qui est une plante toxique. Des traitements prescris  en cas d’inhalation pour le traitement symptomatique de la crise d’asthme et en prévention de l’asthme d’effort, alors qu’ils peuvent compliquer la respiration.  De son coté la viagra est fusionnée avec l’épine vinette (Aghriss) et  l’Aristoloche (Berreztem) ; afin de la vendre moins cher alors que ces  plantes sont dangereuses et toxiques en cas de surdosage.
Un tel engouement a fait que plusieurs plantes ont été presque  décimées que la garance et le pyrèthre. Ce dernier  est passé de dix dirhams le kilogramme à plus de 2100 DH en moins de trois ans.
Selon Saïd Aadel, président fondateur du corps national des herboristes du Maroc et membre de l’association mondiale des herboristes,  le nombre des herboristes au Maroc avoisine les vingt mille.
Un secteur qui peut  assurer le travail à plus de quatre vingt mille  personnes au niveau des magasins de vente. De leurs  côtés les fermes reconnues pour leurs utilités médicinales et biologiques  peuvent engager d’autres  à l’instar de la plantation Sousse d’Oujda qui fait travailler dix salariés permanents et une vingtaine de saisonniers. Une ferme de douze hectares réservés à la culture de plus de trois cent plantes médicinales.  Seulement les plantations de ce type ; contrôlées par des laboratoires officiels sous l’égide de professeurs spécialisés dans le domaine biologique ; il n’ y en a pas beaucoup car à part les deux de Marrakech et une quatrième à Agadir, ainsi que  celle d’Oujda  qui sont gérées par des médecins diplômés après un cursus universitaire, les autres  plantations laissent à désirer.

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