Culture

Enquête : Les maisons d’hôtes, le charme infini de Fès

© D.R

Parmi les nombreuses petites échoppes, médersas et mosquées et dans le tissu dense de l’ancienne médina d’organisation mérinide, les riyads s’offrent à leurs visiteurs comme une respiration de verdure inopinée et indispensable à la fois. Il fait vraiment très bon  de flâner dans les ruelles  paisibles et enchevêtrées de la médina, mais rien n’équivaut à une petite détente le temps d’une journée ou même de grandes vacances dans ces magnifiques demeures hors du temps.
Ces riads bénéficient depuis les années 1990 d’un regain d’intérêt dû à la volonté d’une sauvegarde du patrimoine et à un développement touristique. C’est pourquoi nombre d’entre eux ont été reconvertis en maisons d’hôtes ou en restaurants. Par extension, on appelle riad, l’ensemble des bâtiments qui entourent le jardin.
Généralement on a gardé le même plan architectural : un rez de chaussée surplombé de chambres et deux étages. Ces maisons sont entièrement fermées sur l’extérieur et s’organisent autour d’un patio central, sur le modèle de l’habitat arabo-musulman traditionnel. Les façades extérieures sont certes nues, décrépités et dépouillées, mais contrastent  harmonieusement avec la richesse du décor et de l’ornementation intérieure.
 Les riads ou jardins, composante essentielle de Dar ou maison, sont  lumineux le jour et mystérieux la nuit. Ils  sont décorés de fleurs et de plantations aromatiques entourées d’allées réalisées en général en bejmats, zelliges et marbre. De la fontaine située au cœur du patio, coule incessamment une sensation constante d’humidité et de fraîcheur.
Si la plupart des propriétaires sont restés fidèles à l’architecture de leurs ancêtres, ils ont osé l’innovation par besoin fonctionnel des pièces de la maison. Les patios ont été reconvertis en  des  sahriges de piscines. On rencontre également des salles de bains en tadellakt ainsi que des cheminées pour l’hiver. Le confort à l’occidentale est garanti. Les douiriyas, mesryas ou bien nbehs, setouans, dakhchouchas qui désignent des noms de chambres ou, couloirs ou de lieux de rangement persistent toujours. La découverte d’une autre culture est ainsi assurée.
Les prix varient selon, bien sûr, la superficie et la qualité des demeures. Le tarif d’une nuitée dans une maison d’hôtes n’est pas fixe. Il varie entre 1000 et 5000DH. Un prix qui dépend également de la location selon qu’elle soit d’une chambre, d’une suite ou même du riad entier. Sans oublier que ce tarif varie également selon le prix d’investissement dans ladite demeure. Dans la plupart des cas, ces enceintes coûtent à leur propriétaire pour leur acquisition des budgets faramineux qui commencent à partir de 600.000DH.
 Hors le caractère intime et paisible de ces logis particuliers, les visiteurs sont attirés par certaines prestations spéciales à ces maisons d’hôtes. A ce niveau, chaque propriétaire à sa manière de faire. Parmi les attractions spéciales à ces maisons, l’initiation des visiteurs au mode de vie des habitants de l’ancienne médina. Initiation à la cuisine marocaine, à la peinture sur la poterie de Fès et parfois même à jouer des instruments marocains. 
Souvent le visiteur découvre dans ces riads certaines des traditions populaires de la ville et scènes de la vie quotidienne, comme le tatouage au henné, les promenades à dos d’âne ou le hammam traditionnel dans le quartier. Abbas, courtier cinquantenaire qui n’a rien perdu de son élégance, nous parle avec un accent fassi assez manifeste. Pour lui, le rythme avec lequel avance le commerce des maisons d’hotes n’est plus à suivre. Il nous confie qu’il ne peut plus ce rythme, mais tant mieux «cette mouvance fera bien les choses», dit il tout en reprenant son optimisme. Avis partagé par une architecte, fille d’une propriétaire   d’un riad à Derb Mitter dont elle a elle-même réalisé le design à la médina. «C’est avec une vitesse vertigineuse qu’avance le commerce des maisons d’hotes» une satisfaction claire malgré une certaine réticence concernant l’acquisition ou la location de ces maisons par des étrangers. «On aurait préféré que les Marocains le font», dit-elle. Apparemment, le secteur des maisons d’hôtes est particulièrement dynamique et on note de nombreuses créations de maisons d’hôtes chaque année.
Les causes de la hausse des prix des maisons d’hôtes sont multiples. Tout d’abord le retour des familles fassies aisées qui sont parties vers d’autres villes dans la décennie passée. Ensuite, l’acquisition ou plutôt le grand mouvement d’appropriation, ou de louage de maisons d’hôtes par les Européens, ce qui a flambé littéralement les prix de ces enceintes.
 Dans un dernier lieu, il est à souligner dans le même contexte , le nombre de plus en plus croissant de  nouvelles compagnies aériennes qui desservent Fès. Mais qui de nous peut deviner au début, que derrière ces ruelles se cachent de vrais trésors ? Plutôt qui de nous ne souhaitera pas goûter à l’indicible plaisir d’un moment de farniente et de paix dans l’une de ces maisons hors du temps.

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