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Entretien avec Aicha Sajid, artiste : «Le soutien au théâtre n’est pas encore au niveau de nos aspirations»

© D.R

En marge de sa participation à une pièce de théâtre au Centre culturel de Beni Mellal, Aicha Sajid nous fait part de ses réflexions sur sa passion, son parcours artistique, le Théâtre Al Badaoui et la situation actuelle du théâtre au Maroc.

ALM : Pourriez-vous nous parler brièvement de votre long parcours artistique ?
Aicha Sajid : A l’âge de huit ans, j’avais l’habitude d’aller aux colonies de vacances. Et c’est à partir de cet âge que ma passion a commencé à fleurir, j’ai toujours aimé devenir animatrice à la Radiodiffusion de Casablanca, c’était au début des années soixante. Quand je revenais de l’école, je regardais toujours les films et les séries à la télévision. Et c’est à ce moment-là que la passion du théâtre commença à me conquérir. Lorsque j’ai découvert le théâtre El Badaoui qui était et qui est toujours très aimé du public, des horizons nouveaux commencèrent à se dessiner devant moi et un autre espoir pointa à l’horizon. Vers 1965, j’ai intégré l’échiquier du théâtre avec le consentement de mon père qui avait joué un rôle très important dans la construction de ma personnalité. C’était Abderrazak Badaoui qui dispensait des cours de théâtre aux étudiants. Après deux années d’expérience dans le domaine du théâtre, on m’a chargée de jouer sur la scène à l’âge de 19 ans. Et c’était grâce aux rôles que j’ai joués que je suis arrivée à aiguiser ma passion et à affermir ma personnalité et mes compétences dans le domaine dramatique. Depuis, je n’ai jamais quitté le Théâtre Al Badaoui. «Il ne faut pas être amoureux du théâtre, affirme Sacha Guitry, il faut l’adorer… Ce n’est pas un métier, le théâtre, c’est une passion».

Qu’est-ce que le Théâtre Al Badaoui vous a légué ?
C’est grâce au Théâtre Al Badaoui que j’ai fortifié ma personnalité et que je suis arrivée à parler et à communiquer avec excellence, j’ai réussi aussi à comprendre profondément les rôles des personnages que j’incarnais dans différentes pièces de théâtre. Actuellement, j’aime le théâtre plus que la télévision et le cinéma. La scène du théâtre vous transporte dans un monde paradisiaque et direct parce que vous jouez devant le public. Bien que le personnage que vous incarnez relève de l’imaginaire, votre personnalité réelle communique avec le public qui vous encourage par ses sifflements et ses applaudissements. Et dès que vous entrez en scène, vous oubliez tous vos soucis et vous vous métamorphosez en un personnage créatif et innovateur. «Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre, souligne Victor Hugo, par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses et le vrai saisit l’individu».

Pourriez-vous nous parler de la pièce de théâtre «Lamtarek fi ras» (les marteaux sur la tête) que vous avez jouée au Centre culturel de Beni Mellal ?
Mon rôle dans cette pièce de théâtre porte sur la vie, je suis la vie pour le personnage qui voudrait immigrer vers l’Eldorado. J’ai été chargée de lui donner des conseils pour lui faire comprendre que la réussite dans la vie repose sur le travail et qu’il faut vivre tous les aléas de la vie pour en tirer des leçons et des expériences. C’est l’exemple d’un peintre qui dessine un tableau de peinture et qui cherche à gagner la sympathie de ses fans, il faut qu’il déploie des efforts considérables pour exceller et briller de mille feux. Hanté par l’idée de quitter son pays et par l’élucubration de la noyade de sa femme, fruit d’un imaginaire extravagant, ce personnage n’arrive pas à prendre mes conseils en considération. Ainsi, il finira dans un hôpital psychiatrique à cause d’un grand nombre de problèmes inextricables «marteaux» qui ont phagocyté ses convoitises déraisonnées.

Que pensez-vous du théâtre au Maroc ?
Le théâtre marocain connaît une nette amélioration. De nos jours, le nombre des lauréats des instituts de théâtre a augmenté et la scène de théâtre est envahie par un grand nombre de jeunes acteurs dynamiques. Cependant, le soutien au théâtre n’est pas encore au niveau de nos aspirations. En plus, je lance un appel aux artistes marocains à qui je rends un vibrant hommage : soyons unis et respectueux, loin de toute vanité comme les membres d’une même famille et n’oublions pas que parmi les objectifs de l’art dramatique celui de sensibiliser, transmettre des messages et rassembler les gens. Et j’aimerais bien que les opérateurs concernés soutiennent et donnent plus d’importance aux artistes de la scène qui sont chevronnés pour les inciter à prêter main forte aux artistes en herbe.

 

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