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Entretien avec Ghita Zine : «Le succès d’un film d’animation pour jeunesse est le fait d’attirer également un public adulte !»

© D.R

ALM : Comment menez-vous votre expérience de membre du jury de présélection de l’édition Courts Compét’ 2018 ?
Ghita Zine : C’est une expérience riche en rencontres, qui permet de croiser les regards sur les films en lice, avec chacune des membres du jury ayant un background différent. Ainsi, Marie-Pauline Mollaret est critique de cinéma et travaille pour La semaine de la critique à Cannes. Olesya Shchukina est, quant à elle, illustratrice russe et réalisatrice de films d’animation. Pour ma part, je suis journaliste, mais je suis ici surtout en tant que présidente de l’Association des rencontres méditerranéennes du cinéma et des droits de l’Homme (ARMCDH). La lecture que fait chacune d’un film complète donc l’autre ou permet de mettre l’accent sur des aspects plus que d’autres.

Quel serait votre apport en tant que journaliste et présidente de l’ARMCDH pour cette mission de membre du jury ?
Déjà, au sein de l’ARMCDH, les films d’animation sont très présents, notamment dans le cadre de la programmation des Matinées enfants ou celle de la Nuit du court-métrage. D’ailleurs, nous sommes souvent amenées à faire des sélections de films dans ce cadre. En tant que journaliste, j’apprécie comment le fait de traiter un film peut permettre d’aborder des thématiques sociétales ou d’analyser et de pousser la réflexion sur d’autres politiques. Par le fait de ce double-exercice, mon rôle au sein du jury est plus porté sur les thématiques que traitent les films, la manière avec laquelle elles le sont et le degré de fidélité du réalisateur au scénario, à travers l’œuvre portée à l’écran.

Comment évaluez-vous le FICAM ?
Le FICAM a véritablement réussi à s’imposer parmi les rendez-vous du septième art tenus au Maroc. Il a également réussi à avoir un écho à travers le monde et cela se traduit notamment par le nombre de films reçus cette année et celles d’avant. Au sein du jury de présélection, nous visionnons 234 films venus de partout, du Brésil, d’Allemagne, de Croatie, de Taïwan, des Etats-Unis, de France, du Sénégal, du Maroc, du Royaume-Uni, d’Italie, du Liban, etc. Cela dénote du fait que le festival a pu trouver sa place sur la scène internationale et avoir une réelle dimension universelle.

Quel regard portez-vous sur le cinéma d’animation au Maroc?
Au Maroc, le cinéma d’animation a souvent une fonction pédagogique, donc le processus n’est pas assez construit en amont, avec toutes les exigences que nécessite la démarche. Lorsqu’il ne sert pas de support à cet effet, il est malheureusement réduit à un aspect ludique ou divertissant, souvent destiné aux enfants. Je pense que ce cinéma pourra trouver son essor au Maroc, lorsque les réalisatrices et les réalisateurs d’animation envisageront d’autres utilisations en laissant libre court à leur expression artistique, pour envisager des films tout public, des films historiques et documentaires, des productions qui peuvent bien être destinées au jeune public, mais sans être infantilisantes. Le succès d’un film d’animation pour jeunesse est, entre autres, le fait d’attirer également un public adulte ! Rapporté à des thématiques historiques ou documentaires, il permet de porter à l’écran des témoignages inédits, palliant même l’absence de certaines archives perdues ou inaccessibles. L’expérience du réalisateur Tarik El Idrissi dans ce sens est intéressante à étudier, dans son documentaire Rif 58-59. Il suffit de franchir le pas.

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