Depuis plus de deux décennies, le groupe Lemchaheb des arts populaires s’impose comme un acteur incontournable de la scène artistique populaire marocaine. À l’occasion d’un événement culturel dédié à la thématique de l’eau, qui a été récemment organisé à Beni Mellal, son président Kisra Salah Eddine revient sur le parcours du groupe, ses engagements et sa vision.
ALM : Pourriez-vous nous parler de l’origine et de l’évolution de votre groupe ?
Kisra Salah Eddine : Depuis sa création en 2003, notre groupe n’a pas seulement changé de nom, nous avons également adopté une vision plus large et inclusive pour qu’il mette l’accent sur un grand nombre de thématiques. Notre objectif principal est de faire rayonner nos richesses culturelles et notre identité. Nous croyons profondément que le folklore populaire est un outil essentiel capable de mettre en valeur notre identité et exprimer nos forces culturelles. Ainsi, nous avons abordé des thématiques variées dans des chansons telles que Mon repos est dans l’autonomie, Ô toi qui cherches de mes nouvelles à El Guergarate et bien d’autres. Nous avons également été parmi les premiers à célébrer les villes marocaines à travers la chanson : Laâyoune, Smara, ou encore Skoura, Ouarzazate, Essaouira… qui ont été des sources d’inspiration. À travers nos textes, nous avons voulu faire connaître nos racines et nos convictions.
Quel est le style musical que vous adoptez et comment le groupe a-t-il commencé?
Le groupe Lamchaheb a été fondé en 1973. À l’époque, il était difficile de se distinguer au sein des nombreux groupes musicaux existants. Mais grâce à des figures emblématiques comme Batma de Settat, Sousdi de Beni Mellal, Chadli de Zagora, Charif de Boudnib et bien d’autres, nous avons pu forger une identité propre. Notre nom, Lamchaheb, symbolise à la fois la lumière et l’éclat artistique. Nous avons traversé différentes périodes, mais grâce au ministère de tutelle et au soutien de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, notre parcours a connu un renouveau, avec une participation active au processus de développement, notamment en matière de développement humain.
Quelles sont les thématiques abordées dans vos œuvres récentes ?
Nous avons choisi de traiter des sujets d’intérêt général : les détenus à Tindouf, le fléau du tabagisme…, ou encore la question de l’eau, un thème que nous explorons depuis trois ans. Aujourd’hui, nous célébrons cet engagement à Béni Mellal, en présence d’universitaires, d’intellectuels, de représentants de la société civile et des autorités locales. A cette occasion, nous remercions le wali de la région Béni Mellal-Khénifra, le président du conseil régional, le président du conseil provincial, le président du conseil municipal de Béni Mellal, le directeur régional de la culture, la directrice générale de la RADEET et tous ceux qui ont participé à la réussite de cette campagne de sensibilisation organisée dans la ville de Béni Mellal. Ainsi, nous lançons un appel à tous les responsables, aux autorités locales à ce que la ville de Beni Mellal devienne la capitale nationale de l’eau car c’est une contrée intimement liée à l’agriculture, à l’environnement, à la beauté de la nature et aux sources.
Quelles sont les actions que vous menez dans le cadre de la sensibilisation à la question de l’eau?
Nous œuvrons actuellement à la collecte et à la valorisation des proverbes et chants populaires liés à l’eau. L’objectif est de lancer des campagnes de sensibilisation en s’appuyant sur le patrimoine oral afin de toucher un public aussi large que possible. Nous avons produit plusieurs albums et CD, avec des chansons telles que Lma Naâma… qui ont rencontré un grand succès. Notre objectif est de sensibiliser la population à économiser les ressources hydriques. Nous avons commencé par Oued Oum-Errabia , de la source à l’estuaire , Kasbat Tadla puis Abou Regreg et vers la fin de juin 2025 du Bassin du Loukos. Nous ferons de même pour les autres bassins.
Combien de membres composent aujourd’hui le groupe ?
Nous sommes actuellement six membres en plus de Moubarak Chadli, que je tiens à remercier chaleureusement. Cet homme fait partie des auteurs talentueux de notre groupe depuis ses débuts. Parmi ses écrits, on trouve Noudo Ya Arbane, Hob Ramane (L’amour de la grenade), Aslaf khalaou Wssya et bien d’autres. Sa plume est inépuisable et nous lui souhaitons une longue vie et beaucoup d’inspiration. Le groupe Lamchaheb des arts populaires incarne une vision artistique engagée, enracinée dans le patrimoine populaire et tournée vers l’avenir. À travers ses chansons, il donne la voix aux préoccupations de la société tout en affirmant une identité culturelle forte.